La CLTD a dénoncé avec force "une entrave à l'exercice de l'activité politique". Improvisée, elle aussi, la marche qui s'en est suivie s'est voulu également un acte de réappropriation de la rue comme espace d'expression politique. Les animateurs de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique (CLTD) sont parvenus, hier, à marcher à Alger, depuis le parvis de l'hôtel Essafir (ex-Aletti) jusqu'à l'esplanade de la Grande- Poste, soit près d'un kilomètre le long de la rue Asselah-Hocine. Au terme de cette marche improvisée qui a, donc, pris de court le service de sécurité et les forces de l'ordre, des prises de parole ont été organisées. Les leaders de partis et les personnalités qui forment la CLTD, dont notamment le président du RCD, Mohcine Belabbas, celui du MSP, Abderrezak Makri, et le secrétaire général de Jil Jadid, Soufiane Djilali, se sont relayés pour dénoncer le refus des autorités d'autoriser la tenue, hier, à l'hôtel Essafir, de la conférence sur le thème "les conditions pour des élections transparentes". La demande d'autorisation pour cette conférence a été introduite le 20 janvier dernier auprès des services compétents de la wilaya d'Alger, ce qui satisfait largement à la réglementation en la matière qui stipule que la demande doit être déposée 8 jours francs au minimum avant la date prévue pour l'activité. En dépit de l'introduction de la demande suffisamment à l'avance, ce n'est que jeudi dernier, soit 22 jours après, et à 19h, que les services concernés de la wilaya d'Alger se sont manifestés. "Les services de la wilaya d'Alger ont téléphoné à 19h à un responsable du parti Ennahda pour lui demander de passer récupérer la réponse à la demande de la CLTD. Ce dernier leur a fait savoir que 19h est une heure indue pour récupérer un courrier, et c'est alors qu'on lui a fait savoir, qu'en fait, la conférence n'est pas autorisée", a-t-on informé du côté de la CLTD. Plus tard, les membres de la coordination découvriront, ahuris, le prétexte avancé pour motiver ce refus : "Le thème est flou." Prétexte, puisque le thème choisi pour la conférence, décliné en langue arabe, à savoir "Echourout nazahatou el intikhabat" est d'une clarté saisissante. L'argument auquel l'administration s'est rendue pour ne pas autoriser l'activité de la CLTD a offusqué au plus haut point les animateurs de ce regroupement de partis et personnalités de l'opposition. Dans une déclaration lue au moment du rassemblement improvisé devant l'hôtel Essafir, la CLTD a dénoncé avec force "une entrave à l'exercice de l'activité politique". Improvisée, elle aussi, la marche qui s'en est suivie, s'est voulue également un acte de réappropriation de la rue comme espace d'expression politique. Le sentiment de la coordination est résumé par le président du RCD, Mohcine Belabbas, qui, prenant la parole sur l'esplanade de la Grande-Poste, a fustigé le pouvoir en place et tirera la conclusion de ce que "le refus d'autoriser une activité entre 4 murs confirme que les conditions pour l'exercice politique sont inexistantes" et que "le recours à la rue s'impose à tous les acteurs politiques". Le secrétaire général de Jil Jadid, Soufiane Djilali, se rend à la même conclusion de ce que le pouvoir "pousse vers la rue". Pour sa part, le représentant du FJD, Lakhdar Benkhellaf, qui, à l'occasion, s'est montré très à l'aise à échanger avec le président du MSP, a dénoncé la fermeture du champ politique, notamment devant les partis de l'opposition. Le président du MSP, Abderrezak Makri, a invité à noter que "le système politique est contre les libertés" et qu'"il faut que tout le monde, et non pas les partis politiques seulement, se mobilise pour arracher ces libertés". D'ailleurs, la réappropriation de la rue comme creuset de l'action politique de l'opposition est une perspective qui guide la démarche de l'Instance de consultation et de suivi (ICS) laquelle a appelé à des marches et à des manifestations le 24 février dans les 48 wilayas du pays. Une source proche de l'ICS a indiqué que les préparatifs pour ces manifestations, qui sont aussi une dénonciation de l'exploitation du gaz de schiste et une expression de la solidarité active avec les populations du Sud, vont bon train. La commission nationale chargée des préparatifs se réunit régulièrement, a expliqué notre source qui a fait remarquer que les préparatifs sont aussi pris en charge par des commissions idoines dans chaque wilaya. S.A.I.