Résumé : Quelques jours après l'opération, on procédera à un prélèvement de la peau pour une greffe. Commencera alors une période d'angoisse. On craignait une infection ou un rejet, mais rien de tel ne vint gâcher les efforts du médecin. Mordjana peut désormais espérer une vie meilleure... Mais le jour où on lui a ôté les fils, la jeune femme est horrifiée. Pourtant, le jour où on lui a ôté les fils, et au premier coup d'œil qu'elle jettera à son profil dans une glace, elle est horrifiée. Sa joue ressemblait à une carte géographique. Elle était tuméfiée, et les nombreuses cicatrices rougeâtres la faisaient penser à un parchemin froissé. Mais Chahine la rassure. Les cellules de sa peau ne s'étaient pas encore totalement régénérées, mais ce n'était plus qu'une question de temps. Il lui prescrira d'ailleurs des pommades et des crèmes qu'elle devra appliquer régulièrement sur le visage, et lui conseillera d'éviter au maximum les rayons solaires et de se protéger avec un écran total à chaque fois qu'elle devait sortir. Rassurée, le cœur plus léger, Mordjana rentre à la maison au bras de son mari. Elle s'empresse d'appeler Maroua, puis sa mère pour les rassurer. Maroua est heureuse pour elle. Elle la félicite pour ce premier succès dans sa vie et lui recommande d'être prudente et de suivre scrupuleusement les conseils de son médecin. Mais sa maman n'était pas de cet avis. Pour elle, les opérations, les traitements et le coût faramineux de son séjour en clinique n'étaient que des dépenses superflues qu'elle aurait mieux fait d'utiliser pour s'acheter des bijoux. Son mari l'acceptait bien avec cette tache de vin sur la joue, n'est-ce pas ? Pourquoi avait-elle donc poussé sa coquetterie jusqu'à le ruiner ? Une bonne épouse se devrait de penser à la bourse de son conjoint et à ne dépenser que le strict minimum pour l'entretien du ménage... Mordjana est déçue par la réaction de sa mère. Elle s'y attendait pourtant. Comme de coutume, sa mère ne trouvait rien de mieux à lui dire qu'à lui faire des reproches. C'était ainsi... Avec du recul, Mordjana se dit qu'elle n'aurait même pas dû la mettre au courant de ses interventions. C'était Maroua qui l'avait incitée, arguant du fait qu'après tout elle devrait démontrer à Samir qu'elle aussi avait une famille qui s'inquiétait pour elle. Pourtant, la jeune femme savait que sa mère était de cette branche de femmes qui ne connaissait de l'affection que le nom. Rien ne pouvait compter pour elle. Même sa propre progéniture ! Un peu attristée, elle se remet à ses tâches quotidiennes et passe ses journées, soit à faire le ménage, soit à regarder la télé. Hasna lui interdisait toujours de s'approcher de la cuisine, et préparait elle-même les repas quotidiens. Mordjana s'était habituée à son caractère acariâtre. Elle la comprenait et ne lui en voulait pas. Hasna était aigrie par la vie... Aïssa l'avait rendue malheureuse... Voici plusieurs jours qu'on ne l'avait revu. À chaque fois qu'il rentrait à la maison après une longue absence, il s'enfermait dans sa chambre des jours durant et n'en ressortait que pour repartir de plus belle vers d'autres lieux de débauche. Un jour, alors que Mordjana faisait la lessive dans la cour, il lui jette un regard curieux, puis s'approche d'elle : -Je ne sais pas si ma vue me joue des tours, mais je te trouve bien embellie Mordjana, lui avait-il lancé d'une voix chevrotante. Un peu embarrassée, Mordjana relève la tête et surprend sa belle-mère au seuil de la cuisine. Cette dernière vint tirer son mari par le bras et l'entraîne loin de la jeune femme. Une scène éclate entre eux. Aïssa jurait de partir et de ne jamais revenir, et Hasna l'incitait à quitter les lieux au plus vite. Mordjana se dépêche d'étendre son linge avant de se rendre dans sa chambre où elle s'enfermera à double tour. Elle ne soufflera pas mot de cet incident à Samir. Ce dernier travaillait beaucoup et rentrait de plus en plus tard. Parfois, il se contentait de prendre un café, avant de se remettre à travailler sur son ordinateur jusqu'à des heures tardives. Il n'aimait pas être dérangé, et avait recommandé à Mordjana de ne pas l'attendre pour le dîner lorsqu'il était ainsi pris dans l'engrenage de ses activités. Suivant les conseils de son médecin, la jeune femme appliquait quotidiennement des onguents sur ses cicatrices. Au bout d'un mois, les cellules mortes tombent et les cicatrices disparaissent. À la place de sa tache de vin, une belle peau prend racine. Mordjana est émerveillée. Elle ne se reconnaissait plus. Son mari lui conseilla de changer de coiffure afin de mettre ses traits en valeur. Maintenant, elle n'avait plus de quoi rougir. Bien au contraire, elle était tout à son avantage. Depuis, elle ne chercha plus à cacher son visage sous ses cheveux. Elle les avait gardés longs, mais les coiffait de manière différente chaque jour. Elle avait appris aussi à se maquiller et à rehausser sa beauté. (À suivre) Y. H.