La porte-parole du PT appelle à la mobilisation pour “arrêter le rouleau compresseur” de la privatisation. Décomposition, bradage, spirale, déracinement, barbarie, régionalisation : les substantifs n'ont pas manqué à Louisa Hanoune pour commenter et analyser la politique économique du gouvernement. “Cette politique comporte des risques d'éclatement comme il en existe en Côte d'Ivoire et en Irak”, a-t-elle déclaré, hier, lors d'un point de presse en marge de la réunion de deux jours qui a regroupé les trois commissions du PT— femmes travailleuses, jeunesse et syndicalistes ouvriers — à la Mutuelle de Zéralda (ouest d'Alger). La situation est telle que le Parti des travailleurs, qui se déclare en état d'alerte générale à tous ses niveaux de représentation, craint pour l'Algérie le “déracinement si ces orientations venaient à être mises en application”. Louisa Hanoune a expliqué la teneur de ces orientations, œuvre en cours de réalisation de l'Exécutif d'Ahmed Ouyahia, exécutant du programme du président Abdelaziz Bouteflika. Pour elle, les privatisations visent à “mettre le pays sous tutelle américaine ; le partenariat — avec l'Union européenne — est une forme détournée du concept de privatisation”. Elle relève d'ailleurs, à cet effet, les contradictions au sommet de l'Etat entre “un président de la République soutenant que la privatisation n'est pas du Coran, et son ministre des Finances affirmant, depuis Paris, le contraire. La démocratie politique peut en pâtir”. Louisa Hanoune ne veut pas baisser les bras. Elle exprime son indignation quand elle note la décision de l'Uruguay, “un petit pays comparé au nôtre”, de se réapproprier ses ressources hydriques au moment où on l'offre à la concurrence, et celle du Venezuela de disposer souverainement de ses richesses pétrolières, alors que l'on s'apprête à les exposer au marché libéral. “La barbarie est en marche”, avertit l'ex-candidate à la présidentielle d'avril dernier. “Elle est en marche parce que nos responsables ne veulent pas arrêter la spirale infernale du bradage des ressources du pays ; parce qu'ils ont l'intention de généraliser la décomposition et de favoriser la régionalisation que nous combattons ; parce que, dans cette conjoncture si difficile où les petits agriculteurs risquent de céder leurs fermes à des… colons qui en guettent l'opportunité, le Chef du gouvernement parle de bulldozer afin d'illustrer sa feuille de route ; parce que la croissance n'a d'existence que dans l'imaginaire officiel ; parce qu'il y a actuellement une offensive contre l'UGTA destinée à affaiblir les travailleurs ; parce que, enfin, l'Algérie se trouve plus que jamais dans l'œil du cyclone." Louisa Hanoune s'interroge : “Comment, dans ces conditions, peut-on parler d'amnistie générale ?” “Les patrons demandent davantage de profits, les travailleurs rejettent les privatisations, le gouvernement fait la sourde oreille. Les journalistes en prison, le dossier des disparus toujours en suspens, le Président parle des droits de l'Homme ? Basta !” réclame-t-elle. En attendant les assises des jeunes du PT, prévues les 23 et 24 décembre, et celles des femmes programmées au 8 mars 2005, Louisa Hanoune continue à plaider le retour des trois millions de réfugiés palestiniens dans leur pays. L. B.