Les assainissements financiers répétitifs des entreprises n'ont pas eu les résultats escomptés. La Fédération nationale des textiles et cuirs (FNTC), affiliée à l'UGTA, déplore le fait que le ministère de l'Industrie et des Mines n'ait pas associé ses membres dans le processus de la restructuration et de la relance du secteur public marchand industriel. Le groupe textiles et cuirs, qui fait partie des 12 créés par le département de Abdeslam Bouchouareb, n'a pas pris attache avec les syndicalistes de la FNTC dans le but de connaître leur avis quant à l'avenir des filières textiles et cuirs. "Nous ne sommes pas au courant de ce qui se fait actuellement. Nous sommes dans l'expectative. Nous n'avons aucune idée sur la vision ou la stratégie réservée à notre créneau", affirme Amar Takjout, secrétaire général de la FNTC. Or, regrette-t-il, dans l'économie moderne les travailleurs sont partie prenante dans tout changement ou autre démarche engageant l'avenir de leur secteur. "Le ministère de tutelle a failli dans cette démarche", dénonce-t-il. Il aurait été plus judicieux, précise-t-il, d'intégrer le partenaire social dans cette opération de réorganisation. En dépit des prémices de changements constatés et la volonté affichée du gouvernement de donner un second souffle à cette industrie manufacturière, la production nationale demeure insuffisante pour le moment. Une lacune que compte peut-être corriger l'Exécutif dans le cadre de la refonte du secteur. Pour le SG de la FNTC, il faut impérativement créer toutes les conditions nécessaires qui permettront aux entreprises nationales de reprendre leurs parts de marché, spoliées par l'importation. La production locale a, certes, bénéficié d'une assistance conséquente d'un montant global de 2 milliards de dollars, destinés à l'assainissement financier des entreprises et aux mesures d'aide dans les domaines fiscal et parafiscal... mais ses performances restent en deçà des attentes. L'Etat doit mettre en place les conditions pour l'émergence d'un marché contrôlé, régulé où la concurrence déloyale n'a pas droit de cité. "Il faut faire bénéficier les entreprises publiques de carnets de commandes et non pas privilégier les importateurs", souligne M. Takjout. Car, explique-t-il, à travers l'importation d'un produit, le Trésor public consolide l'emploi au sein des firmes étrangères et participe à la croissance et au développement des pays exportateurs. Le syndicaliste ne cache pas, également, sa déception quant au retard flagrant pris pour le démarrage des projets de l'usine de production des fibres synthétiques, une matière première utilisée dans la fabrication de tissus et la relance de la culture du coton. Entre-temps, l'on continue d'importer cette matière première de l'étranger. "Est-il économiquement et politiquement correct de recourir à l'étranger pour l'usage de ce produit qu'on peut fabriquer en Algérie ?", s'indigne le SG de la fédération. À ce jour, relève-t-il, ces deux dossiers n'ont connu aucune phase de concrétisation. L'absence d'investissement dans la production des principales fibres synthétiques a favorisé l'importation des articles d'habillement et de confection en provenance de Chine et de Turquie, au détriment de la production nationale. Le même topo est observé pour le vaste projet algéro-turc, objet d'un accord de partenariat portant sur la réalisation d'un complexe intégré dédié aux métiers du textile dans le nouveau parc industriel de Relizane signé en mai 2013 entre l'ex-SGP-industries manufacturières et le groupe turc Taypa. L'accord prévoit la réalisation de huit unités industrielles de textile et de confection et la création de 20 000 postes d'emploi. Ce sont autant de postes de travail qui devront compenser les quelque 30 000 perdus à cause de la fermeture d'une trentaine d'entreprises publiques durant les années 1990. Il est à noter que les besoins nationaux en chaussures sont évalués à 70 millions de paires alors que l'Algérie en produit moins d'un million actuellement contre 18 millions en 1980. B. K.