Ifrikya Spirit, Joe Batoury, Ouled Haoussa, Djmawi Africa, Democratoz, Istijmam Culturelle, compagnie El-Ajouad, Goya Project sont les huit formations algériennes présélectionnés dans le cadre du programme "Center Stage". À la fin du mois de mai, on saura qui de ces artistes aura été sélectionné pour prendre part à une tournée d'un mois aux états-Unis, entre juillet et novembre 2016. Quatre entrepreneurs culturels américains (Lisa Booth, Laura Paul, Elizabeth Auer et Steve MacQueen) ont animé, avant-hier matin à l'Institut national supérieur de musique (INSM), une rencontre avec les étudiants de cet établissement pour évoquer notamment la manière dont s'organisent les représentations artistiques aux Etats-Unis. Mais leur présence en Algérie entre dans le cadre du "Center Stage", un programme du département d'Etat américain (Bureau of Educational and Cultural Affairs), géré par la fondation NEFA (New England Foundation of the Arts), et qui consiste en la sélection d'artistes professionnels (musique, théâtre, danse) issus de différents pays du monde, afin qu'ils se produisent durant un mois aux Etats-Unis. Cinq pays ont déjà participé à ce programme (Haïti, Indonésie, Maroc, Pakistan, Vietnam), qui en est à sa troisième saison, et cette année, ce sont des artistes d'Algérie et de Tanzanie qui feront des tournées entre juillet et novembre 2016. Au total, huit groupes algériens ont été présélectionnés sur la base des liens sur YouTube, leurs pages Facebook, leur sens de la communication et le contenu de leur justificatif lorsqu'ils ont envoyé leur candidature. Ainsi, les quatre professionnels rencontreront, durant leur séjour en Algérie, quatre formations d'Alger (Ifrikya Spirit, Ouled Haoussa, Djmawi Africa et Joe Batoury) et quatre autres d'Oran (Democratoz, Goya Project, Istijmam culturelle et la compagnie El-Ajouad) ; celles-ci connaîtront leur sort à la fin du mois de mai. "Ils doivent être capables de parler un peu anglais parce que quand ils seront aux Etats-Unis, ils ne vont pas uniquement faire une tournée de présentation sur scène, ils vont aussi faire des master classes, des échanges avec d'autres professionnels, des présentations auprès des audiences générales. Ils seront, en fait, les ambassadeurs de l'Algérie aux Etats-Unis parce qu'ils vont rencontrer plein de gens, interagir avec plein de gens et se produire sur scène, mais ça peut être dans le cadre de festivals ou sur des scènes prédéterminées", expliquera Ida Heckenbach, attachée culturelle à l'ambassade des Etats-Unis. Outre les détails du programme "Center Stage", ces professionnels sont revenus sur l'organisation des spectacles aux Etats-Unis où il n'existe pas de ministère de la Culture. Les promoteurs de spectacles et d'artistes sont donc en continuelle recherche de sources de financement, qu'ils trouvent auprès de particuliers, d'organisations et de fondations (comme NEFA) ou grâce à la billetterie. Lisa Booth, qui a créé sa propre compagnie Lisa Booth Management, Inc. en 1983 (basée à New York City), a expliqué qu'aux Etats-Unis "il y a un microcosme qui travaille ensemble dans l'entrepreneuriat". C'est un réseau. Concernant son travail, elle signalera, tout en relevant l'importance de la publicité autour d'un spectacle ou d'un événement culturel, que "nous organisons des tournées pour des artistes aux USA, et des tournées pour des artistes américains à l'intérieur des Etats-Unis et à l'étranger. Nous avons cinq à dix artistes par an, et chaque projet nous prend entre deux et trois ans". Responsable au sein de NEFA, Laura Paul est revenue, quant à elle, sur les missions de cette organisation non gouvernementale basée à Boston. "Nous montons des programmes pour que les artistes puissent montrer leur travail. Ainsi, si des gens cherchent des artistes, ils viennent chez nous. On fait également des levées de fonds auprès de l'Etat, de fondations, de privés...", a-t-elle indiqué, tout en mettant l'accent sur "l'importance et la force de l'art" et sur la mission principale de NEFA, à savoir "la promotion des arts". Pour sa part, Elizabeth Auer de l'Université de Floride a évoqué l'expérience (qui n'est pas généralisée à toutes les universités américaines) de cette institution dans le domaine du spectacle, puisqu'"on invite des artistes professionnels à faire des représentations sur le campus où nous avons quatre espaces. Notre système de financement de ces spectacles s'appuie sur la billetterie, mais ça ne représente que le tiers, donc on demande des bourses, on obtient des fonds auprès de particuliers, et il y a aussi le système des taxes". Steve MacQuinn, directeur artistique au Flynn Center for the Performing Arts à Burlington – une petite ville au nord des Etats-Unis qui abrite un festival de jazz chaque été – a également soutenu que les principales sources de financement étaient "la vente de billets et la levée de fonds". Quelques étudiants ont interprété, à la fin de cette rencontre, des morceaux au piano et au saxophone. S. K.