Cinquième chapitre : Malgré elle... Résumé : Maria va aider Dalila qui se plaint d'être épuisée par les préparatifs. Lorsqu'elles sont seules, Maria lui demande des nouvelles de Yahia. Dalila lui apprend qu'il est marié et père de deux jumelles. Maria a l'impression que son cœur a explosé. Elle a mal de le savoir avec une autre. Elle le pleure et le maudit... Maria passe une mauvaise nuit. Elle ne cesse de les imaginer ensemble. Elle adorait le rire de Yahia, ses étreintes, sa présence. Et là, c'était une autre qui partage ces moments de joie et de peine. Ils ont des jumelles, deux petits amours. Ressemblent-elles à Yahia ? à Salem ? Elle les imagine ensemble et la jalousie la torture. Celle qui devrait être avec lui, dans ses bras, à l'aimer, à lui donner une famille, c'est elle. Elle le connaît depuis si longtemps. Enfin elle croyait le connaître. Lui, l'épris de liberté, s'est marié. Combien de temps a-t-il pris pour se décider ? Quelques semaines ? Quelques mois ? "Dire que pendant dix ans, j'ai attendu cet instant ! J'ai été stupide et aveuglée par mon amour ! J'ai même enfreint la morale ! Je suis mère célibataire parce qu'il ne voulait pas de famille ! Il ne sait pas pour Salem. Il n'en aurait jamais voulu, car il ne voulait pas de boulet, rien qui le rattache au foyer ! Mais te voilà comblé Yahia, pense-t-elle comme si elle s'adressait à lui. "Tu as trois femmes dans ta vie. Sois sûr qu'elles ne te lâcheront pas les baskets !" Elle regarde son fils dormir et ne peut s'empêcher de lui caresser les cheveux. Il est le portrait de son père. Si Yahia le voit, il se reconnaîtra en lui. "Sois maudit ! ç'aurait dû être nous, ta famille !" Le matin, elle se lève sans avoir fermé l'œil de toute la nuit. Il semble que le jour naissant lui rappelle un autre fait qu'elle a oublié. Yahia ne lui a jamais rien promis. Il était toujours contre le mariage, et quand ils s'étaient séparés, il voulait rester ami. Maria réalise sans joie qu'elle avait gardé un infime espoir de renouer avec lui, pour donner à Salem le foyer que tous les enfants ont. Force est de constater que ce bonheur ne leur est pas permis. Le réveil de son petit ange lui permet d'oublier un peu Yahia. Elle s'occupe de lui, le garde contre son cœur en morceaux. Il est le remède miracle pour le recoller et la ramener à la vie. Dalila la surprend en l'appelant. Elle est inquiète pour elle. - Comment vas-tu ? Hier, je t'ai brisé le cœur en t'apprenant qu'il... avait une famille... - Ça va, murmure Maria. Il a le droit de faire sa vie ! Il ne me doit rien ! J'ai mal mais j'ai réalisé que Yahia était libre, et si on a rompu, c'est que rien n'était possible ensemble ! - Je t'aurais appelée hier soir, mais on a eu des invités, et à leur départ, il était presque minuit ! Je ne voulais pas t'appeler au milieu de la nuit ! J'ai dû patienter jusqu'à maintenant ! Dis, tu viens m'aider ? J'ai besoin de quelqu'un pour mes affaires ! Je voudrais que ce soit toi qui le fasses ! Il reste peu de temps avant le mariage ! - Oui, je sais ! T'inquiète, je viendrai, promet Maria. Je serais là dans une heure et demie ! Dalila la remercie avant de raccrocher. Maria confie une nouvelle fois son fils à la crèche avant de retourner chez son amie. Il y a juste sa famille. Maria se charge de ranger les affaires de Dalila dans des cartons. Elle en aura pour plusieurs heures. Elle emballe les objets fragiles dans du papier journal. Elle n'est pas très bavarde. En fait, elle a la migraine. Les nuits blanches doivent y être pour quelque chose. Ou Yahia... Le téléphone sonne dans le couloir et Dalila va décrocher. - Oui, Souad ? Qu'est-ce qui ne va pas ? Comment ça... Ah... Maria intriguée par le ton inquiet de son amie s'approche. - Ecoute, inchallah ce n'est pas grave ! Tiens-nous au courant !, la prie-t-elle avant de raccrocher. Quand elle se tourne, Maria voit sa tête d'enterrement. - Qu'est-ce qui se passe ? Tu as appris une mauvaise nouvelle ? - L'oncle et la tante de Souad ont fait un grave accident ! Ils sont à l'hôpital. Souad ignore s'ils sont en vie ! - Ah ! les pauvres, dit Maria. Tu les connais ? - Oui ! Maria, ce sont les parents de Yahia ! Le pauvre, quand il va apprendre la nouvelle ! Il sera terrassé... Maria est sous le choc. Elle a déjà vu ses parents en photo. Elle prie pour qu'ils s'en sortent. Elle fronce les sourcils en pensant qu'il devra rentrer au pays. Elle ne veut pas croiser son chemin. Non, elle ne se sent pas la force de se retenir de lui crier sa haine. Elle le hait pour ce qu'il ne lui a pas donné... (À suivre) A. K.