Quatrième chapitre : la fuite Résumé : Maria regrette d'avoir mal agi. Elle craint même que son bébé ne la déteste un jour. Dalila lui apprend que Yahia est marié et vit à Tunis. Dalila tient à sa présence à son mariage. Maria ne peut pas se séparer de son fils et elle a mauvaise conscience en pensant à Dalila. Elle imagine sa déception... -T'inquiète Maria ! Je connais une dame dans le quartier qui a l'habitude de garder les enfants ! Je suis sûre qu'elle ne refusera pas ! Je crois que j'ai son numéro ! Donne-moi deux minutes pour confirmer avec elle ! C'est elle qui garde mon neveu ! Maria raccroche, prise au dépourvu, mais elle sourit, espérant que la nourrice du quartier accepte. Ce n'est que pour quelques jours. Quand elle la rappelle quelques minutes après, Dalila est si heureuse qu'elle crie presque. -C'est bon ! Elle veut bien ! -Alors prépare-toi à nous avoir sur le dos avant que tu ne quittes ta famille définitivement ! -Ma famille est bien heureuse de se "débarrasser" de moi, lui confie l'amie, sans crier cette fois. Ils n'y croyaient plus ! -Le mariage est prévu pour quand ? -Dans trois semaines ! Je compte sur vous pour être là, insiste Dalila. Et puis, ne t'inquiète pas pour ma famille ! Elle sera tellement occupée que personne n'aura le temps de se poser des questions et même de t'en poser ! -C'est rassurant, lâche Maria. Je n'aurais pas supporté de donner des explications ! Mais dis-moi, de quoi as-tu besoin ? Je voudrais t'offrir un cadeau... utile ! Est-ce que tu vas habiter seule ? -Non, les premiers temps chez sa famille, mais Nadir est en train de chercher à acheter un petit appartement, lui confie Dalila. Je ne nous vois pas vivre dans l'exiguïté ! Cela créerait des conflits et on ne veut pas se fâcher pour des futilités ! Ils savent que c'est pour quelque temps seulement... -Oui, je comprends. L'autre fois, tu me disais que ton frère allait retourner vivre avec tes parents, est-ce que mon appartement ferait ton bonheur ? Je ne peux pas le laisser inoccupé et je ne veux pas le louer à des inconnus ! Parles- en à ton Nadir ! S'il est d'accord, je vous le louerais ! -C'est vrai ? Dalila n'en revient pas. Elle n'y avait pas pensé. Maria ne tarde pas à raccrocher. Elle regarde Salem, assis sur un tapis, à jouer avec ces peluches en face de la télé. Il lève la tête et a ce sourire qui la désarme quand il la regarde. -C'est incroyable, pense-t-elle tout haut en s'agenouillant en face de lui. Tu ressembles à ton père. Tu es blond comme lui, tu tiens le bleu de ses yeux..., même les grains de beauté ! Sebhan Allah ! S'il te voyait, il devinerait vite que tu es son fils ! Elle pense à Dalila qui s'apprête à se marier. Elle ne connaîtra pas l'appréhension de la demande en mariage et l'excitation du jour J, celui que toutes les femmes rêvent de vivre dans leur vie. Qui n'a pas envie de fonder un foyer ? Elle-même en avait rêvé et lui en avait parlé. Chaque fois, ils se séparaient puis se retrouvaient. Pendant des années, ils n'étaient pas parvenus à rompre. Yahia qui ne voulait pas s'engager avait fini par se marier. Elle se demande avec qui et comment elle avait pu lui passer la corde au cou aussi rapidement. -Pourras-tu seulement me pardonner de ne rien lui avoir dit ? Je me rends compte qu'un jour tu auras beaucoup plus besoin de lui que de moi, et qu'à cause de mon entêtement j'ai mis un mur de mensonges entre vous, des milliers de kilomètres aussi. Mon petit cœur, je croyais bien faire ! -Papapapa... Salem reprend son babillage tout en tendant ses quenottes vers elle. Elle le prend contre son cœur. Ah s'il savait ce qu'elle était capable de faire pour qu'il soit le plus heureux des bébés sur terre ! Elle prend d'une étagère l'album de photos. Une fois bien installés dans le fauteuil, elle l'ouvre pour lui montrer les photos d'elle et de son père. -Je te présente celui que tu ne connaîtras jamais ! Yahia est ton père. Même s'il n'était pas du genre à vouloir des enfants, toi, il t'aurait aimé du premier regard ! -Pa-pa... -Oui, c'est lui, murmure-t-elle. Et tu me tortures avec ces "pa-pa-pa" ! Tu as un retard de langage, et les premiers mots que tu prononces, j'ai l'impression que c'est pour me narguer, comme pour me rappeler que je t'ai fait derrière son dos ! C'est péché, c'est h'ram... Ah si tu savais comme je le regrette ! Pas de t'avoir mais de ne pas être avec lui ! Je voudrais qu'il soit là pour toi ! (À suivre) A. K.