Quatrième chapitre : la fuite Résumé : Maria promet à Yahia de le rejoindre mais son départ est avancé par la venue du taxieur. Elle prend son fils et ses affaires et se rend à Oran, tenant à vivre aussi loin que possible de lui. La vie reprend doucement son cours. Un jour, Dalila lui apprend qu'elle se marie et insiste sur sa présence. Maria hésite... Dalila voudrait la rappeler mais son amie était si méfiante qu'elle l'appelait d'un taxiphone. Elle voudrait savoir ce qui la perturbe à ce point. Pourquoi elle était si triste ? Maria la rappelle le lendemain, consciente d'inquiéter son amie. Dalila est bien heureuse et soulagée de l'entendre. - Mais qu'est-ce qui t'arrive ? Pourquoi es-tu aussi triste ? Est-ce que tu as des problèmes ? - J'ai des regrets qui m'empêchent de dormir, lui confie-t-elle. Je n'aurais pas dû lui faire un enfant dans le dos ! Et je n'ai pas le droit de le laisser dans l'ignorance ! - Mais je te l'ai toujours dit ! Tu étais têtue et tu n'en faisais qu'à ta tête, lui rappelle Dalila. Que s'est-il passé ? Les gens te voient mal ? Tu crains pour ta sécurité ? Maria veut bien lui confier les raisons qui l'ont poussée à tout remettre en question. - Le premier mot qu'a dit Salem, c'était "papa" ! J'avais beau le prier de dire "mama", rien ! Il s'entêtait, et parfois j'avais mal ! J'avais parfois l'impression qu'il le faisait exprès ! - Mais c'est un bébé ! Comment peux-tu croire que c'était pour que tu souffres ! Ma chère amie, il fallait bien qu'il parle... des "papa, dada, baba ou mama...". Tout ce qui compte, c'est qu'il sache parler ! - Oui, je sais. Mais plus il grandit, plus je le vois tirer vers les hommes qui lui sourient ! J'ai peur qu'une fois grand il ne me déteste, car je l'aurais privé de son père ! - écoute, on en avait déjà parlé ! Tu ne voulais rien savoir, maintenant, même si tu veux essayer de retourner avec lui, je ne crois pas que cela soit possible ! Je sais que tu ne voulais plus avoir de nouvelles de lui, mais je vais t'apprendre une nouvelle qui risque de ne pas te réjouir ! Yahia s'est installé à Tunis. D'après ma belle-sœur, il est marié ! - Waw ! lâche Maria d'un coup. Cette nouvelle me scie ! ça ne me laisse pas le choix que de continuer à vivre avec ce secret ! J'espère seulement que mon fils ne m'en voudra pas à mort ! Il va grandir et poser des questions ! - Tu lui diras quoi ? - Je ne sais pas encore... Maria raccroche, plus démoralisée qu'au début de l'appel. Cela faisait plus de deux ans qu'ils s'étaient quittés, et si elle n'avait pas accepté de reprendre avec lui, il n'était pas obligé de vivre dans le passé. Maintenant elle sait qu'il a tourné une page de sa vie en se mariant et en vivant loin du pays. Ils ne seraient plus appelés à se croiser à Alger. D'ailleurs, elle n'y avait plus posé les pieds depuis leur rupture. Le fait de savoir qu'il n'était plus au pays lui donne à réfléchir. Elle pourra accepter l'invitation de Dalila dont elle partage sincèrement la joie. Les mois passés, elle était très présente dans sa vie, et la moindre des choses qu'elle pouvait faire était de lui rendre la pareille. Le problème qui allait se poser serait son fils. Elle devra s'en séparer et elle n'en avait aucune envie. Durant la journée, elle le confiait à la crèche du quartier. Les éducatrices s'occupaient bien de Salem. Mais elle ne pouvait pas le leur confier la nuit. Si elle se rendait à Alger, ce serait pour une semaine. Comment allait-elle vivre leur séparation ? Elle n'en supportait pas l'idée. Même si le mariage n'était pas pour tout de suite, elle change d'avis et décide de ne pas partir. Elle leur enverrait un cadeau et les inviterait à séjourner à Oran, chez elle. Elle les recevra avec plaisir. Elle s'occupera d'eux durant leur séjour. Il était hors de question qu'elle se sépare de son fils. Elle n'a pas le cœur tranquille. Elle a mauvaise conscience en imaginant la déception de son amie... (À suivre) A. K.