Eu égard à l'anarchie qui règne sur les routes algériennes, les responsables de l'Organisation nationale des transporteurs algériens (ONTA) ont décidé d'organiser une caravane à travers les 16 wilayas du pays connues pour leur taux élevé en matière d'accidents. Selon les transporteurs privés algériens, si nos routes sont si dangereuses, la faute incombe en premier lieu aux autorités du pays dont le “laxisme” encourage au non-respect du code de la route et aux règles élémentaires de sécurité. Ils déplorent, entre autres, l'anarchie en matière de transport des marchandises. “Le permis poids lourd ou de transport en commun est octroyé de manière très simple. Il aurait fallu créer des centres de formation aux métiers du transport”, déclare M. Hamaïdi Habir, président et porte-parole de l'ONTA. Le même interlocuteur a insisté sur la politique du gouvernement qui est répressive là où il ne faut pas. Concernant la série noire des conteneurs qui tombaient sur des voitures et des bus, le porte-parole de l'ONTA déclare : “Des conteneurs destinés à certains tonnages sont surchargés, et ils quittent le port sans encombre et sans passer par le pont à bascule. Une fois sur la route, le camion qui tractera un tel conteneur ne pourra pas s'arrêter car il est surchargé. À qui incombe alors le contrôle et la sécurité sur les routes ?” Prenant comme exemple l'accident de Dély IBrahim, qui avait coûté la vie à plusieurs passagers d'un minibus, il affirmera : “Est-il permis à un camion de grand tonnage d'emprunter une montée abrupte située en milieu urbain ? N'aurait-il pas mieux fallu créer des centres de stockage à la périphérie d'Alger pour permettre aux fourgons de desservir les quartiers de la capitale ?” M. Hedir Omar, secrétaire général de l'organisation, s'étonne, quant à lui, du laxisme des autorités : “Des chauffeurs conduisent comme ils veulent et même s'ils se mettent en troisième position avec des engins de gros tonnage, ils ne se font jamais verbaliser. Une véritable anarchie règne sur nos routes où chacun fait ce qu'il veut.” Les responsables de l'ONTA souhaitent la mise en branle de toute une batterie de dispositions pour diminuer le nombre d'accidents. “Comment voulez-vous qu'un conducteur puisse disposer encore de tous ses réflexes après plusieurs heures de conduite sans s'arrêter ? Les chauffeurs doivent trouver des aires de repos pour dormir et pouvoir ainsi reprendre la route en toute sécurité pour eux-mêmes et les autres usagers”, estime M. Hamaïdi. Il préconise aussi l'ouverture des ports la nuit pour permettre aux transporteurs de charger et de quitter les grandes villes avant les embouteillages du matin. Les responsables de l'organisation s'étonnent en constatant que pour un permis de place pour un chauffeur de taxi, les modalités d'attribution sont plus draconiennes que lorsqu'il s'agit d'un permis poids lourd ou de transport en commun. “C'est toute une commission qui siège pour un permis de places, mais tel n'est pas le cas pour la conduite des poids lourds et des bus”, s'inquiète M. Hedir. Ce dernier soulève aussi l'inexistence d'un plan de transport, notamment dans la wilaya d'Alger où il est “plus aisé de rencontrer un ministre que le directeur des transports”. Il préconise la création d'autres lignes pour permettre à l'usager d'aller d'un point à un autre dans les meilleurs délais. “Ces nouvelles lignes désengorgeront les gares routières arrivées à saturation”, explique le même interlocuteur. Il fait allusion, enfin, aux exploitants illégaux de certaines lignes au vu et au su des autorités. S. I.