Résumé : Maria n'a pas le choix. Elle rejoint Yahia dehors. Celui-ci veut savoir pourquoi elle l'a fui, pourquoi elle ne leur a pas donné une chance. Maria lui rappelle qu'il s'est vite marié. Elle ne veut plus de lui dans sa vie. Mais Yahia promet qu'ils se reverront. Il se réinstalle à Alger pour être près de sa mère... - Maria, quel âge a ton fils ? l'interroge-t-il alors qu'elle allait rentrer chez elle. La main sur la poignée, elle se tourne lentement vers lui. -Un an, ment-elle. Il fait plus que son âge... Il tient sa forme de son père ! Elle entre chez elle, ouvrant doucement, craignant que Salem soit derrière la porte. Elle le trouve en train de jouer avec les ustensiles, rangés dans le buffet du coin cuisine. - Je vois que tu as sorti ce qu'il faut pour préparer le déjeuner ! Ton père est dehors... Salem lui sourit en lui brandissant une casserole, heureux. Maria va à la fenêtre et, sans toucher au rideau, elle regarde dans le jardin. Yahia est encore là, les bras sur les hanches, semblant être en proie aux doutes. Quand il lève la tête dans sa direction, elle recule alors qu'il ne peut pas la voir. Elle s'appuie au mur, se sentant faible, comme vidée, quand elle le voit partir. S'il n'était pas marié et père de deux fillettes, elle n'aurait pas hésité à le retenir. Elle l'aimait et elle en souffrait. Elle voudrait le haïr, le voir souffrir autant qu'elle. Mais lui, il a sa vie. Il n'a pas à vivre à l'écart de la société comme elle le fait depuis la naissance de Salem. Elle s'est fait discrète, ne vivant que pour lui, mais à deux reprises, une fois à Annaba et la dernière à Oran, à chaque fois qu'un homme connaissait sa situation, il se mettait à la harceler. Le fragile équilibre vacillait, et pour retrouver un semblant de vie paisible, elle était forcée de tout quitter et de ne prendre que leurs vêtements. Tout recommencer à chaque fois. Maria se demande si Yahia va la laisser en paix. Elle se rend compte qu'elle ne pourra pas fuir cette fois. Elle n'en peut plus. Elle veut vivre tranquille, être tout à Salem. Il n'y aura pas d'homme dans sa vie. Même Yahia n'aura pas cette chance. C'est fini entre eux. Mais l'a-t-il compris ? L'acceptera-t-il ? Dans son regard, elle a vu des lueurs qui ne laissent rien présager de bon. En s'occupant de son fils, elle finit par l'oublier un peu. Elle prépare à déjeuner puis appelle chez Dalila. Une cousine répond et lui apprend que le cortège composé de quatre voitures est parti. Elle regrette de ne pas avoir le numéro de Nadir. Elle aurait pu appeler chez eux, dans une semaine, vu qu'ils partiront en lune de miel à Venise. - Elle en a de la chance, murmure-t-elle. Elle mérite d'être heureuse, de connaître le bonheur ! Si son mari ne prend pas soin d'elle, il aura de mes nouvelles ! - Mama... Salem veut lui arracher le téléphone pour jouer avec. Mais elle en a besoin. Elle appelle son ancien employeur, mais tombe sur sa secrétaire qui l'informe qu'ils lui ont viré ce qu'ils lui devaient. - Un souci en moins, dit-elle à son fils, avant de lui donner le téléphone pour qu'il joue avec. Mais déjà il a trouvé mieux à faire. Il va à la fenêtre et regarde dehors. Maria s'assure qu'elle est bien fermée et que Yahia n'est pas revenu. Tout à l'heure, en lui ouvrant, elle avait serré Salem contre elle pour qu'il ne le voie pas de face. Si Yahia avait vu ses yeux, son sourire, ses oreilles, il se serait vu en plus petit. Il aurait deviné qu'elle lui a menti. Maria soupire de soulagement, mais elle sait qu'un jour viendra où elle devra s'expliquer avec l'un et l'autre. Si Yahia se réinstalle à Alger, elle devra se faire toute petite pour ne pas le croiser, ou même quitter Alger. Mais pour aller où ? (À suivre) A. K.