"En dépit de son utilité, la campagne ‘Consommons algérien' n'est pas valable dans le temps et dans l'espace." C'est l'avis émis par l'expert M'Barek Malek Serraï sur l'opération lancée par le ministère du Commerce à travers le territoire national. Pour expliquer son opinion, il soulève, de prime abord, un problème d'ordre culturel et psychologique assez profond qui cumule un déficit à l'endroit de l'image et de la qualité du produit national. Ceci est, selon lui, accentué par une présence de publicité forcenée sur les produits étrangers depuis trois décennies qui ont changé de manière consciente ou inconsciente la mentalité et le mode de consommation des Algériens. Pour ouvrir une brèche aux produits nationaux, quelle que soit leur performance en termes de qualité et de quantité, il y a lieu, au préalable, de "concrétiser une réduction tangible des importations, sinon les secteurs à grande consommation seront perpétuellement dominés par les produits importés", relève l'économiste. D'où l'impérative décision d'interdire immédiatement une première liste de produits qui ne peuvent être consommés en Algérie pour des raisons, argue-t-il, économique, religieuse, sécuritaire et sanitaire. M. Serraï cite les mélanges alimentaires à base de graisse de cochon, certaines sortes de chocolat, des bonbons et autres sucreries ainsi que les colorants qui "causent beaucoup de dégâts pour la santé du citoyen algérien et constituent une insulte à notre religion". L'expert demande également aux banques de ne pas financer l'importation d'autres produits regroupés en une deuxième liste "quitte à laisser les opérateurs algériens qui ont de l'argent ou étrangers souhaitant faire du business, payer eux-mêmes ces importations sans toutefois recourir au Trésor public", précise-t-il. Malek Serraï avance aussi une troisième liste dont l'accès peut être bloqué par le biais des licences d'importation qui, avoue-t-il, vont jouer un rôle d'équilibre dans l'importation et la distribution de ces produits. Autrement dit, outre la surveillance des prix de ces produits, il faut veiller à ce que le marché soit équilibré en évitant les pénuries, le surstockage inutile qui coûte cher au Trésor public. Car, par le passé, relève-t-il, l'Algérie était un territoire d'extension des surfaces de stockage des Européens et des Asiatiques. "Le rôle de l'Etat doit être prépondérant mais souple et ferme dans sa démarche", nuance-t-il, cependant. L'autre catégorie de produits classée par l'expert a trait à ceux qui peuvent bénéficier d'une circulation et financements bancaires libres. L'objectif, c'est de démontrer à l'Union européenne, la Zone arabe de libre-échange et aux négociateurs pour l'adhésion à l'OMC que l'Algérie est un pays qui s'ouvre tout en utilisant, néanmoins, sa réglementation et ses obstacles non tarifaires, le contrôle de la qualité, la métrologie afin de refouler certains produits inconvenables pour la marché national. Ce qui va ouvrir l'appétit aux entreprises productives algériennes pour reprendre les secteurs ouverts grâce à ces nouvelles dispositions (licences). B. K.