La faculté des sciences humaines et sociales à l'université de Béjaïa veut savoir où en est la crise des sciences de l'homme ? Le débat, qui revient inexorablement à travers les âges et au fur et à mesure des avancées scientifiques, économiques, sociales et philosophiques, semble agiter à nouveau l'esprit des chercheurs mais aussi des enseignants algériens et étrangers. Lesquels ont répondu présent au colloque international qu'a organisé, les 5 et 6 mai, l'université de Béjaïa. L'argumentaire, mis en avant pour l'appel à candidature, ne peut objectivement laisser indifférent. Les intellectuels ne pouvant que s'interroger sur la crise multidimensionnelle que vit le monde et qui englobe des problèmes de nature culturelle, économique, politique, sociale et même écologique. Les premiers intervenants à la première partie du colloque, hier, ont insisté aussi sur la crise morale, éthique, voire bioéthique. Il est vrai, rappellera-t-on, que la pensée moderne a libéré les hommes de l'emprise de la tradition, perçue comme obscurantiste ; elle a surtout opéré un changement de paradigme social, politique et économique, alors que la pensée philosophique des Lumières a contribué à une rupture épistémologique, ce qui a favorisé l'esprit critique et la science moderne. Toutefois, cette modernité sera elle-même en crise, d'autant qu'elle était incapable de donner aux hommes ce dont ils avaient besoin. C'est dire combien, insistera-t-on, "le destin de l'homme et sa finalité furent dissimulés durant des siècles au profit d'une logique du gain, du profit et du bénéfice, d'où la fuite vers le postmodernisme". Les sciences sociales et humaines ont eu à subir l'effet des méthodes de contrôle et d'orientation de la société industrielle. Au point qu'aucune ligne de démarcation ne les sépare de l'idéologie, d'où leur incapacité à prévenir les crises. Plus encore, on s'interroge même sur leur capacité à assumer leur fonction, à contribuer à la compréhension des faits et des phénomènes sociaux, à prévenir les crises et leur apporter des solutions crédibles. Le colloque se propose, selon le doyen de la faculté des sciences sociales et humaines de Béjaïa, M. Cherrad, d'examiner comment le mouvement de modernité et le progrès qui s'en est suivi ont chevauché les valeurs humaines, produisant de nouveaux paradigmes. Il se propose aussi de suivre le processus de la genèse et du développement des sciences de l'homme depuis le XVIIIe siècle, et leur évolution au cours des dernières décennies. Et sur l'impasse historique dans laquelle elles se sont retrouvées, celle de verser dans l'idéologie, la doctrine et le cautionnement de l'ordre établi. M. O