Résumé : L'enfant rejoint sa mère et Mordjana reproche à son mari de l'avoir empêchée de le garder plus longtemps auprès d'elle. Pis, elle insinua, que si les parents de ce dernier ne s'étaient pas manifestés, elle n'aurait pas hésité à le kidnapper... Samir est outré, sa femme devenait tout bonnement folle...* Excédé Samir s'écrie : -Ça suffit Mordjana ! Rendors-toi si tu veux et oublie tout ce que tu viens de débiter... C'est insensé.... -Il est tout à fait normal pour une femme mariée de désirer un enfant... -C'est tout à fait légitime... Mais pas au prix de sa liberté et de sa dignité... Je t'avais déjà proposé l'adoption pour autant... Elle baisse les yeux et se met à se ronger les ongles. Samir remarque les larmes qui brillaient dans ses yeux, mais fait semblant de n'avoir rien vu. Il enclenche la vitesse et redémarre. Mordjana ferme ses yeux et rejette se tête en arrière. S'est-elle rendormie ? Samir secoue sa tête. Sa femme devenait folle. Son désir d'enfant, la rendait si malheureuse, qu'il craignait pour sa santé mentale. Il tenait le volant d'une main ferme et conduisait aussi lentement que possible, afin d'éviter à Mordjana les soubresauts du véhicule. Ils étaient presque au milieu de l'après-midi, lorsqu'ils arrivèrent à Constantine. Mordjana s'était redressée sur son siège et s'était contentée de regarder les paysages qui défilaient sous ses yeux, tout en se confinant dans un silence lourd de sous-entendus. Vers la mi-journée, Samir lui avait proposé de faire une pause pour déjeuner. Mais elle avait catégoriquement refusé. Sa gorge était nouée... Elle n'arriverait pas à avaler quoi que ce soit. Il avait alors décidé de battre en retraite et de continuer la route. Il se sentait fatigué et aurait aimé se reposer un moment et prendre une douche. Sans plus attendre, il cherche un hôtel non loin de l'entrée de la ville, et fait descendre leurs bagages, avant de précéder sa femme pour demander une chambre. Mordjana dépose son sac sur une table basse et se laisse tomber sur son lit. -Tu n'as pas faim ? Elle secoue sa tête : -Non... Je n'ai pas faim... Si tu veux manger quelque chose, vas-y... Moi, je préfère me reposer. -Mais tu n'as rien pris depuis le dîner d'hier soir...Même ce matin, tu as refusé ton petit-déjeuner... Elle hausse les épaules : -Cela ne me tuera pas... Je n'ai pas envie de manger, voilà tout... Il la regarde un moment, avant de décrocher le téléphone et de demander un déjeuner. -Tu ne veux pas descendre au restaurant ? lui demande-t-elle. Il fait la moue : -Pourquoi descendre au restaurant si tu ne m'accompagnes pas ? Je ne veux pas manger en regardant les murs... -Il doit y avoir du monde dans cet hôtel... Tu as remarqué tous ces véhicule garés à l'entrée et dans le parking. -Tant mieux... Nous n'allons pas nous sentir seuls alors... Elle ébauche un sourire : -Je voulais juste te dire que tu ne risques pas de manger en solitaire au restaurant... -J'ai compris le message Mordjana... Mais il se trouve que j'ai envie de manger avec ma femme, pas avec quelqu'un d'autre. On frappe à la porte. Samir se lève pour ouvrir au serveur qui dépose sur la table basse un grand plateau, avant de se retirer. Le jeune homme y jette un coup d'œil, puis se met à humer les odeurs que dégageaient les mets qu'on venait de servir : -Hum... La chorba me semble exquise... Il y a aussi des hors-d'œuvre et un plat de courgettes farcies... Tu ne veux toujours pas manger Mordjana ? Elle se relève sur un coude et jette un coup d'œil aux plats : -Je n'ai pas faim... Mange... Bon appétit Samir. Il se sert quelques cuillerées de chorba et s'assoit pour manger. Mordjana le regarde. Elle l'aimait tant, se dit-elle... Elle l'aimait d'un amour si profond qu'elle en souffrait... Samir était tout ce qu'elle avait de précieux dans ce monde et elle ne voulait ni le blesser ni le rendre malheureux. Elle se rappelle de la scène du matin et se sentit honteuse. Le petit était adorable, certes, mais elle n'aurait pas dû dévoiler ses fantasmes... A-t-on idée de vouloir garder un enfant qui n'était pas le sien et qu'on a rencontré au gré du hasard avec ses parents ? (À suivre) Y. H.