Au FLN, les crises empruntent des sentiers tortueux. Celle qui couve depuis plusieurs mois ne déroge pas à la règle. Les redresseurs, qui affichaient beaucoup d'optimisme quant à l'aboutissement de leur cause, fléchissent et marquent le pas à mesure qu'approche le congrès, mais surtout face à un Saâdani plus que jamais serein. La crise au FLN ne fait que s'enliser, à moins de vingt jours du 10e congrès du parti, convoqué par le secrétaire général Amar Saâdani pour les 28, 29 et 30 mai. L'abcès enfle davantage entre Saâdani et ses adversaires qui annoncent leur refus de participer au congrès qu'ils qualifient d'"illégal", alors que la justice n'a pas encore rendu sa décision dans la plainte qu'ils ont déposée auprès d'elle. Ce boycott engagerait une liste non exhaustive de 167 membres du comité central du parti. Du moins, le coordinateur des redresseurs, Abderahmane Belayat, l'a annoncé dans un communiqué rendu public avant-hier. La liste, dont fait part Belayat, représente un peu plus des deux tiers des 351 membres que compte le CC du FLN. Cette liste "peut s'élargir" à d'autres membres dans les jours à venir, a précisé le doyen des redresseurs du FLN. La précision vaut réplique à Amar Saâdani qui avait catégoriquement nié, lors de sa conférence de presse tenue dans la même journée de lundi, la représentativité des redresseurs. Pour lui, "ces gens-là (les redresseurs, ndlr) ne représentent pas deux tiers des membres du CC". Autrement, avait-il soutenu, ils l'auraient saisi en tant que SG du parti, pour convoquer la réunion du comité central. Les redresseurs reprochent au SG contesté du FLN d'être passé outre les statuts du parti qui stipulent que le congrès doit être convoqué par le CC. Pour empêcher la tenue du congrès qualifié d'"illégal", les redresseurs avaient, entre-temps, déposé une plainte contre Saâdani auprès de la chambre administrative du tribunal de Bir Mourad Raïs. Saâdani, qui disait "avoir confiance en la justice" et misait sur elle pour débouter, durant sa séance prévue hier, la plainte portée contre lui, n'aura finalement pas vu juste. Et pour cause, l'instance judiciaire a décidé de renvoyer cette affaire pour le 20 mai prochain. La procédure veut que la séance d'hier ne soit consacrée qu'à l'enregistrement de la "réplique" de la direction du FLN qui a été saisi par la justice, après la plainte déposée auprès d'elle. L'explication fournie à la justice a été ensuite remise à la défense de la partie plaignante, en l'occurrence l'aile des redresseurs menée par Belayat, laquelle est appelée à "l'étudier" avant d'apporter, à son tour, sa réponse à la justice. C'est ce que nous a expliqué, hier au téléphone, Belayat, indiquant que "la réplique de la direction est actuellement à l'étude des membres-redresseurs". La liste des redresseurs, au nombre de 167, présentée par Belayat, précise le même communiqué, est composée à la fois de "membres du comité central, de parlementaires et de cadres du parti". D'où il est difficile de savoir si les membres dissidents représentent réellement les deux tiers du CC, comme le réclame Belayat. Peut-être, c'est ce qui fait dire à Saâdani que ces adversaires seraient loin de représenter ce quorum du CC. Au-delà de cette contradiction, une source proche de la direction du FLN confirme néanmoins l'existence de la liste avancée par Belayat. Notre source indique, en effet, que ce nombre important de frondeur peut exister, sans surprise, au FLN. Le comble, ajoute notre source, c'est que la "plupart de ces gens adhérant à la démarche des redresseurs sont, dans le même temps, présents dans les commissions de préparation du congrès !" Quelques noms des plus en vue parmi les redresseurs sont cités, à savoir Bouguetaya ou encore Mekhalif qui siègent actuellement à la commission de politique générale. Une marque de fabrique du FLN ! F .A.