Résumé : Le couple se plaisait tellement à Contantine qu'il décide de prolonger son séjour. Mordjana achète encore d'autres souvenirs. En passant devant un hammam, elle émettra le désir de prendre un bain... Alors qu'elle sortait de la chambre chaude, la jeune femme se heurte à une vieille dame. Une conversation s'ensuivra. La vieille femme porte une main à sa bouche : -Que Dieu protège ses êtres de toute malédiction... Pourquoi tout ce tableau noir ma fille ? Vous n'êtes pas heureuse dans votre vie conjugale ? Mordjana soupire encore : -Mon mari m'aime et tente par tous les moyens de me rendre heureuse... Mais ma belle-mère n'a jamais accepté notre mariage... Elle voulait une autre fille pour son fils... -C'est Dieu qui décide pour nous... À chacun son destin... Cela lui passera. Elle finira par vous accepter, et son cœur s'adoucira si vous vous comportez plus loyalement avec elle. Mordjana sentit des larmes couler sur ses joues : -Elle me traite de poule stérile... Sa curiosité piquée à vif, la vieille femme la regarde un moment avant de demander : -Vous êtes mariée depuis combien de temps... -Plus de deux années... -C'est trop peu pour parler de stérilité... Vous allez sûrement avoir des enfants dans les années à venir. Pourquoi tout ce pessimisme... -Je n'arrive plus à soutenir son regard accusateur... La vieille femme hoche la tête : -Je vous comprends amplement... Seulement, pensez à votre mari qui vous aime et à l'avenir... Cela vous permettra de voir la vie sous son angle le plus beau et vous aidera à surmonter vos peines. -Je ne cesse de me répéter que les choses changeront un jour... Que tout rentrera dans l'ordre... Mais j'avoue que je commence à perdre patience... -Avez-vous consulté des médecins ? -Tous les médecins susceptibles de nous venir en aide... Mais jusqu'à ce jour, nous attendons cette étincelle qui nous permettra de reprendre espoir... Mon mari, s'il est déçu, craint davantage que mes nerfs craquent. Que je sombre dans la folie... Je passe mes nuits à rêver de bercer un enfant dans mes bras. La vieille femme lui tapote l'épaule : -La patience finira par triompher. Si aucun de vous deux n'est affublé d'une anomalie, tout s'arrangera, et bien plus tôt que vous ne le pensez. Mordjana regarde la vieille dame et sourit : -J'ai l'impression d'écouter ma grand-mère... Elle aussi ne cesse de m'exhorter à être patiente. -Prenez donc nos expériences respectives en considération. La vie est ainsi faite... Elle nous soumet à des épreuves et juge nos réactions... Elle lui tapote la main : -Qui sait ? Peut-être qu'un jour prochain vous allez vous rappeler mes paroles... En attendant, si j'ai un conseil à vous donner, sachez que la médecine traditionnelle apporte parfois des solutions adéquates à des situations jugées désespérées... Des massages donnent souvent de bons résultats.. -Je ne comprends pas bien de quoi vous parlez... Vous voulez dire que je dois me faire masser ? Elle hoche la tête : -À la fin de vos prochaines menstrues, allez voir une vieille matrone expérimentée et vous verrez que, souvent, il ne suffit que d'un petit geste pour débloquer nos entrailles. La vieille femme s'éloigne et Mordjana demeure interdite un moment. Elle avait déjà entendu parler de ces traitements traditionnels... Mimouna, sa grand-mère, y avait fait aussi allusion lors de leur dernière communication, mais elle n'avait jamais pris ses dires en considération. Est-il donc possible que de simples massages réguliers pourraient déclencher une grossesse ? Un peu déroutée, elle s'habille en hâte et appelle Samir pour la récupérer. Ils reprirent la route dès le lendemain, pour se rendre tout d'abord à Batna, avant de continuer vers Annaba. Dans la ville des Aurès, Mordjana découvre avec plaisir la culture chaouie et les us et coutumes d'une région authentique et millénaire, qui n'avait pas à rougir de ses origines. Elle visitera non seulement la ville, mais aussi les régions environnantes, et sera subjuguée par les ruines romaines et les anciens villages, dont la plupart, malgré le modernisme, avaient gardé leurs anciennes traditions. Samir, qui aimait faire le guide, l'entraînera dans les dédales des vieilles ruelles, tout en lui expliquant que les Chaouis étaient très généreux et très accueillants. D'ailleurs, elle ne tardera pas à en avoir la preuve, puisque à chaque fois qu'ils s'arrêtaient pour demander leur chemin ou des renseignements, on les invitait à prendre un café ou à partager un repas. Mordjana, qui devenait de plus en plus curieuse devant les nombreux sites et les quartiers de Batna, tombera sous le charme devant la tenue aurassiène. Samir n'hésitera pas à lui en offrir une. Lorsqu'ils arrivèrent à leur destination finale, Samir et Mordjana avaient l'impression d'avoir quitté leur ville depuis des mois, et surtout d'avoir vécu hors du temps. (À suivre) Y. H.