En dépit de la décision du gouvernement de revoir, au rabais, le cahier des charges, la note de l'Abef aux banques reste en vigueur. La levée de verrou sur les véhicules stockés aux ports de Djen-Djen (Jijel) et de Mostaganem a, certes, fait des heureux parmi les clients qui avaient passé leurs commandes. Mais pas parmi les concessionnaires automobiles qui ne savent plus où donner de la tête. Et pour cause, la note de l'Association professionnelle des banques et des établissements financiers (Abef) relative au gel des lettres de crédit est toujours en vigueur. N'ayant pas fixé une échéance sur un sursis qui s'inscrit dans la durée, les concessionnaires craignent le pire. Victime de chevauchements de prérogatives entre sept ministères, dont les Finances, l'Industrie, le Commerce, les Transports et Energie, le marché de l'automobile est dans une situation kafkaïenne, alors qu'il s'agit d'un marché qui dépasse les 6 milliards de dollars US/an. La précipitation du gouvernement à vouloir brider les importations, toutes les importations, affecte directement ce secteur. Même si le marché de l'automobile n'a pas montré, jusqu'ici, sa valeur ajoutée en termes de transfert de technologie, il demeure un vivier pourvoyeur d'emplois, avec plus de 32 métiers. De note en note, de décret en décret, d'ordonnance en ordonnance, les lois promulguées et les directives données par le gouvernement et les ministères chargés du secteur ont semé le désordre. Et les contradictions dans leur exécution ont fini par faire plier le Premier ministère qui s'est déjugé en instruisant le ministère de l'Industrie à publier au Journal officiel un autre décret pour débloquer la situation dans les ports d'Algérie et à livrer les clients pris en otage. Le flou, qui entoure cet état de fait, donne une nette impression que les ministères chargés du secteur sont loin d'accorder leurs violons. Du coup, le gouvernement semble obéir à la seule pression des clients, de la Présidence et des lobbies. Car, faire machine arrière sur les équipements de sécurité via un décret veut dire qu'on accepte facilement l'hécatombe routière qui fait, chaque année, 5 000 morts et 65 000 blessés/an. Mais, les arrière-pensées sont ailleurs. Car, à défaut de mieux gérer ce secteur par le biais d'une autorité de régulation comme cela se fait dans les secteurs stratégiques, on instaure le flou, on interfère via des notes internes pour contourner les lois au grand dam des clients, des concessionnaires et d'une industrie automobile qui fait ses premiers pas. Résultat des courses : compression des effectifs, risque de fermeture des agents distributeurs, menace sur des marques qui risquent, elles aussi, de disparaître du paysage automobile algérien, mais surtout des pénuries à venir sur la pièce de rechange. F.B.