"L'Algérie, qui assume une politique africaine dynamique, au plan politique, a besoin de prendre des initiatives nouvelles en termes d'intégration économique régionale et africaine", a plaidé, hier, Mouloud Hedir, économiste, lors d'une rencontre sur "l'intégration économique et zone de libre-échange, quelles opportunités, quelles menaces et quelles stratégies pour les entreprises nationales ?" organisée à l'hôtel Hilton, à Alger, dans le cadre des "Matinales de Care". Pour le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care), l'idée d'une zone de libre-échange sous-régionale, dans un ensemble impliquant les pays du Maghreb et ceux du proche Sahel (Mali et Niger, dans un premier temps, d'autres pays sahéliens par la suite), semble être une proposition pertinente pour faire en sorte de relayer sur le terrain économique et commercial, les efforts de stabilisation politique et sécuritaire qui sont entrepris aujourd'hui par tous les partenaires de la région. "C'est à l'Algérie, tant de par son poids économique que du fait de sa géographie et de sa stabilité politique, qu'il incomberait de mettre une telle proposition sur la table", suggère le Care. Pour Mouloud Hedir, "à l'heure où les entreprises algériennes prennent conscience de l'importance des marchés africains, il est nécessaire de commencer à bâtir des démarches structurées". Il évoque, entre autres, la nécessité d'une démarche concertée entre les autorités et les entreprises et l'urgence de réfléchir à une stratégie préalable d'approche des marchés africains, sur le moyen et long termes. L'économiste constate que le poids écrasant de l'accord d'association avec l'Union européenne, qui prévoit la mise en place d'une zone de libre-échange à l'horizon 2020, met en lumière, par contraste, les retards pris pour des initiatives commerciales similaires dans la région. Il cite l'absence d'initiatives commerciales marquantes en direction de PME africaines, une vraie lacune, selon lui, au moment où le Maroc octroie des préférences commerciales non réciproques à certains produits de pays africains. "L'Algérie est le seul pays de l'UMA qui ne participe à aucune communauté économique régionale en Afrique", a-t-il regretté. M. Hedir affirme que l'Algérie a tout à gagner en reprenant l'initiative sur le front de sa politique commerciale. Il estime que le déblocage de la construction maghrébine, par la voie de l'économie et du commerce, s'impose comme une nécessité. Cependant, Mouloud Hedir avertit : "Il est illusoire de parler d'intégration économique sans des réformes structurelles audacieuses de plus en plus urgentes." Les défaillances du climat des affaires sont une sanction directe pour les performances des entreprises algériennes. Le système de subventions à la consommation de produits importés est assimilable, en termes économiques, à une taxation indue à l'encontre de la production locale. De son côté, Naceur Bourenane, spécialiste du financement du développement de l'entreprise privée, a estimé qu'"on ne peut pas aller vers un développement si on ne crée pas rapidement une masse d'entreprises inscrites à l'exportation et dans une logique de développement régional". Il a insisté sur "la nécessité de s'appuyer sur la diaspora pour se redéployer à l'international". M. R.