La politique commerciale extérieure de l'Algérie souffre de beaucoup d'incohérences, a estimé, hier, Mouloud Hédir, spécialiste des dossiers du commerce international et des négociations multilatérales. «Nous n'avons même pas conscience que nous dépendons du marché extérieur», a relevé Mouloud Hédir, économiste et ancien responsable au ministère du Commerce, lors d'une conférence-débat organisée par le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise, un think-tank algérien. Pour étayer ses propos, l'économiste a cité le cas du processus laborieux d'adhésion de l'Algérie à l'OMC, qui traîne depuis plus de trente ans. Celui-ci s'est demandé pourquoi cette adhésion suscite autant d'appréhensions alors que notre pays a déjà signé un accord d'association avec l'Union européenne en 2005, qui absorbe plus de la moitié des échanges commerciaux. «Dans cet accord, il est stipulé, noir sur blanc, que les règles sont celles de l'OMC», a précisé l'orateur, relevant que la «démarche logique» aurait été d'intégrer d'abord l'OMC avant la signature d'un accord de libre échange qui constitue, à ses yeux, «un outil d'approfondissement de la libéralisation de l'économie». Autre tare : les fortes mesures restrictives pour les échanges de services alors que les échanges de biens sont libres de toute entrave. «Il est absurde d'imposer des restrictions. Cela revient à enrichir les importateurs», a-t-il déploré. Fustigeant les «positions rigides» du gouvernement à propos de la règle des 51/49% relative à l'investissement étranger, l'expert a suggéré de moduler cette règle selon les secteurs d'activité. L'économiste a aussi critiqué la politique de subvention massive des produits alimentaires importés alors que, dans le même temps, des efforts sont engagés pour contenir l'explosion de la facture des importations. Evoquant la zone arabe de libre échange, le conférencier a noté que la position de l'Algérie n'est pas «crédible» depuis qu'elle a décidé de mettre en place une liste de produits exclus de la franchise des droits de douanes. Témoignant de sa mésaventure en Tunisie, le président du conseil d'administration de NCA-Rouiba, Slim Othmani, a confié, quant à lui, que l'accord de libre échange entre l'Algérie et la Tunisie est «biaisé» et qu'il lèse les exportateurs algériens. M. Othmani n'a pas manqué de pointer du doigt «la mollesse» de l'administration algérienne dans la gestion et la résolution du dossier. Pour Mouloud Hédir, l'Algérie devrait mettre en «cohérence les règles» de sa «politique commerciale à l'international» comme elle devrait asseoir une relation de confiance avec les entreprises privées, productrices de richesses.