Les syndicalistes exigent qu'ils soient associés à toutes les décisions concernant leurs entreprises. Après les fédérations de la mécanique, de la pétrochimie et du gaz, de l'agroalimentaire, c'est au tour de celle du tourisme de manifester son opposition à la politique de privatisation de Temmar. Au cours d'une AG tenue hier, les représentants syndicaux de quelque 38 wilayas ont réitéré la situation acceptable de leurs entreprises. Pour eux, la privatisation de leurs unités n'est qu'une “vente pure et simple”. Ils reconnaissent les difficultés que vivent les hôtels, mais invitent les pouvoirs publics à chercher les raisons. Le SG du syndicat de l'EGT-Centre (Entreprise de gestion touristique), M. Azira, a expliqué l'origine des problèmes. L'EGT-Centre souffre, selon M. Azira, de la perte de change, conséquence des investissements concrétisés durant cette décennie. Vers la fin des années 1980, le dollars américain valait entre 4 et 5 DA, alors que maintenant il avoisine les 80 DA. Rien que pour 2002, l'entreprise a payé plus de 1 milliard de centimes dans ce sens. En outre, les EGT paient presque annuellement la somme de 100 milliards de centimes, selon le SG de la fédération, pour rembourser leurs dettes. Les dirigeants de l'EGT-Centre consacrent chaque année 60% du bénéfice net pour le paiement des dettes. Une partie du reste devrait en principe revenir aux travailleurs. Une somme de 58 milliards de centimes a été, ainsi, versée cette année par l'entreprise du Centre. Les cinq hôtels relevant de cette EGT qui ont subi les affres du terrorisme ont été pris en charge par cette même entreprise. Or, aucune forme d'indemnisation n'a été proposée par les autorités. Les syndicats refusent donc le constat de Temmar qui a qualifié les sociétés de déficitaires. “Les bénéfices réalisés par Sofitel et Mercure, pour ne citer que ces deux exemples, atteignent parfois les 13 milliards de centimes/mois”, avouera M. Azira. Pour rappel, le programme du ministère de la Participation et de la Promotion des investissements prévoit la restructuration de 700 entreprises dont 321 à privatiser. Une première liste de 40 sociétés a été déjà arrêtée. Le programme pilote assisté par la Banque mondiale comprend les unités hôtelières de Seybouse (Annaba), du Château-Neuf (Oran) et une autre à Béjaïa qui seraient, selon notre interlocuteur, cédées au gré à gré, en attendant que la décision soit entérinée par le Conseil du gouvernement. Le repreneur du Seybouse serait un investisseur libyen. La fédération exige du gouvernement une stratégie socio-économique à court et à moyen terme. “S'il y a une privatisation, elle n'en sera qu'un aspect de cette politique”, précise un délégué syndical. Mais la privatisation, telle que conçue par le département de Temmar, dira un autre cadre syndical, risque d'“appauvrir” près de 4,5 millions d'Algériens. Cette privatisation, selon lui, “mettra dehors” quelque 900 000 travailleurs. Si on ajoute les 400 000 déjà licenciés, expliquera l'intervenant, le nombre de chômeurs dépassera les 2 millions. Avec leurs familles, le nombre de personnes en situation difficile s'élèverait à 4,5 millions. B. K.