Organisé à l'initiative de la maison de la culture Mouloud-Mammeri, un recueillement sur la tombe du défunt écrivain et journaliste Tahar Djaout, assassiné en 1993 à Alger, a eu lieu hier dans son village natal, Oulkhou, dans la daïra d'Azeffoun. Le cortège, composé de représentants du monde de la culture, de journalistes, des autorités locales et des membres de sa famille, a procédé à une cérémonie de recueillement fort émouvante et au dépôt d'une gerbe de fleurs à la mémoire du fils d'Oulkhou. Malgré des soucis de santé, la sœur de l'illustre écrivain, "n'Thassadit", avait tenu à prendre part à ce rendez-vous et à apporter quelques témoignages poignants sur la vie et surtout l'enfance difficile de son frère qui, dès son jeune âge, éprouvait bien du plaisir à fréquenter l'école, dira-t-elle, avant de déclamer un poème dédié à la mémoire de son défunt frère. De son côté Gasmi Akli, un homme du terroir et ami d'enfance de Tahar Djaout, rappellera que l'homme de lettres que fut Djaout est né en 1953 à Oulkhou et non en 1954 comme il est mentionné sur certains documents, ajoutant que "cette journée commémorative est l'occasion de rappeler le sacrifice des hommes qui ont travaillé pour le pays car c'est une tendance qui, malheureusement, se perd de nos jours". Gasmi Akli évoquera notamment la place de son village et de sa région dans l'œuvre de Djaout à commencer par sa belle œuvre intitulée l'Exproprié où il a parlé des "Ivoudja" qui est une première entité qui a ensuite donné naissance au village d'Oulkhou. C'est d'ailleurs à proximité de ce petit coin de paradis, que Tahar Djaout est enterré, faisant face à la mer et au village d'Igoujdal symbole de la résistance de toute une région. Pour sa part, la maison de la culture Mouloud-Mammeri avait concocté tout un programme commémoratif fait d'expositions et de conférences-débats animées par des enseignants de l'université Mouloud-Mammeri suivies d'une projection d'un film documentaire sur Tahar Djaout. À l'occasion de la célébration de ce triste anniversaire, et dans un document rendu public, la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme s'est inclinée "devant la mémoire de Tahar Djaout, écrivain et journaliste algérien qui a perdu la vie par une sombre journée du 2 juin 1993, suite à un lâche attentat exécuté par des assassins dont on ignore l'identité jusqu'à aujourd'hui". La Laddh souligne que "le simulacre de procès, qui a eu lieu en juillet 1994 n'a convaincu personne. C'était un des tristes épisodes du déni de justice et de vérité qu'ont connus les affaires relatives aux assassinats politiques. La Laddh regrette que deux décennies plus tard aucune enquête sérieuse n'a été ouverte sur les assassinats de journalistes". K. T.