La communauté universitaire est en effervescence après l'"infâme et sournoise censure académique" dont a fait l'objet le Dr Samir Bellal, maître de conférences à la faculté des sciences économiques de l'université M'hamed-Bougara de Boumerdès. Dans une pétition-appel parvenue jeudi à la rédaction, des chercheurs, universitaires et journalistes, dont Addi Lahouari, professeur des universités (Institut d'études politiques, Lyon II), Toufik Alilat, doctorant en sciences économiques (université de Béjaïa), et Ahcène Zehnati, chercheur au Cread, sont "consternés" par les blocages rencontrés par leur confrère qui voit sa participation "compromise" à un colloque international qui se tiendra, le 10 juin prochain, à Paris (France). Et pour cause, l'administration de l'université de Boumerdès, jugeant la communication du Dr Bellal de "politiquement incorrecte", refuse de lui accorder une prise en charge, alors que "d'ordinaire", le traitement des dossiers de postulants à la participation aux colloques internationaux, par le conseil scientifique, est "une simple formalité administrative, inhérente notamment à des considérations de prise en charge logistique". Pourtant, pour le cas du Dr Bellal, la formalité s'est transformée en "un levier de chantage administratif" exercé, selon eux, dans une perspective de censure académique "avec en filigrane des arrière-pensées politiciennes". Aussi, les signataires dénoncent et condamnent fermement le fonctionnement "antidémocratique" de l'institution universitaire, ainsi que les "pratiques autoritaires" des commis et autres fonctionnaires. Pour les enseignants universitaires et chercheurs, cet épisode leur rappelle "la pernicieuse" circulaire 628 du 28 mai 2010, promulguée par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, qui stipulait, entre autres, que "la participation aux manifestations scientifiques internationales devrait être soumise à l'accord préalable des autorités compétentes". À ce sujet, ils rappellent que cette circulaire avait été retirée devant le tollé général soulevé par cette "mesure digne d'une époque que nous pensions définitivement révolue", et suite à la forte mobilisation de la communauté universitaire, tant en Algérie qu'à l'étranger. Mais, dans les faits, les anciens réflexes sont toujours là, déplorent-ils, en dénonçant à nouveau l'arbitraire qui vient de toucher Samir Bellal et qui frappe, certainement, de nombreux autres enseignants universitaires. S'adressant aux "maîtres-censeurs et autres adeptes zélés du ‘politiquement correct'", les signataires de la pétition annoncent que le respect des franchises et du travail universitaires sont "un acquis sacré" qu'ils ne sauraient renier ni abandonner quoi qu'il leur en coûte. D'ailleurs, ils se demandent comment les universités algériennes seront internationalement classées et reconnues si les chercheurs sont empêchés de produire et de participer aux manifestations internationales "en toute liberté". "La schizophrénie entre le discours officiel et les pratiques réelles doit définitivement cesser", souligne la pétition, en appelant toute la communauté universitaire, ainsi que les citoyens, attachés à "la véritable analyse scientifique" et jaloux de "la liberté intellectuelle de réflexion, de production, de débat et d'action", à se mobiliser et à manifester leur soutien au Dr Bellal. H.A.