Le chef de Taj s'est essayé à un exercice délicat, celui de renseigner sur les faces cachées du pouvoir. Rencontre inédite que celle qui a regroupé, hier, Amar Ghoul, président de Tajamou Amel El-Djazaïr (Taj), avec la presse, à Alger. Rendez-vous à l'occasion duquel, Ghoul a évoqué, à la fois, le Département du renseignements et de la sécurité (DRS), son patron, le général Mohamed Médiene, dit Toufik, Saïd Bouteflika, la lettre de Gaïd Salah et la succession au sommet de l'Etat. Amar Ghoul a d'abord entrepris de démentir l'existence d'un quelconque conflit au sein du pouvoir. "La guerre des clans que certains évoquent n'est que rumeur et mensonge", a-t-il dit, qualifiant ces informations "de paroles vides de sens". Il est allé même jusqu'à dire qu'il n'y a pas de "conflit entre le général Toufik, Gaïd Salah (chef de l'état-major de l'ANP et vice-ministre de la Défense) et le président Bouteflika". Amar Ghoul a salué, au passage, ces trois personnalités pour ce qu'elles "ont donné pour le pays", avant d'ajouter que concernant le DRS, "c'est une institution qui a beaucoup donné pour l'Algérie". Interrogé sur le rôle du DRS dans la vie politique nationale, le patron de Taj a souligné que le département du général Toufik est un segment de l'ANP et que cette dernière "n'intervient jamais en politique", car "ses missions sont très bien définies par la Constitution". Il a ajouté qu'une institution "ne peut en aucun cas être idéale", indiquant qu'il a de très bonnes relations avec le patron du DRS, qui est, selon Amar Ghoul, "un homme honnête et nationaliste". Amar Ghoul a tenu à rendre hommage "aux services de sécurité et aux patriotes", pour leur engagement pour sauver l'Algérie de l'hydre terroriste. Concernant Saïd Bouteflika, son ami, qu'il dit avoir connu à l'université d'Alger, il affirme ne pas déceler chez lui une envie de succéder à son frère, le président de la République. Donc, selon le chef de Taj, il n'y a pas de velléité de succession dynastique. "Il est conseiller du Président, et c'est tout", a-t-il répondu, ajoutant que "tout ce qui se dit sur le personnage n'est que fabulation". "Je suis ministre depuis 1999 et, à aucun moment, Saïd Bouteflika ne m'a suggéré de travailler dans ce sens pour qu'il puisse hériter du poste de son frère", a-t-il souligné, ajoutant que Saïd Bouteflika ne s'est jamais "immiscé dans un quelconque dossier de mes différents départements ou transgressé mes prérogatives". "Les seules discussions qui nous unissent, a-t-il enchaîné, sont celles liées au bien de l'Algérie." Sur un autre volet, Amar Ghoul s'est dit favorable "à toute initiative politique" visant "à rassembler les Algériens autour d'un projet". Allusion faite aux initiatives lancées par le SG par intérim du RND, Ahmed Ouyahia, et le SG du FLN, Amar Saâdani. "Il n'y a pas de différence entre ces initiatives", a-t-il dit. "La seule petite différence réside dans le fait qu'Ouyahia veut un pôle de soutien au Président et Saâdani veut un front interne où des organisations et des animateurs de la société civile peuvent y prendre place", a souligné le conférencier qui appelle "à un consensus" des différentes formations politiques nationales dans le but "de faire face aux défis qui s'imposent au pays". Il a appelé aussi l'opposition à prendre part aux consultations sur la Constitution. "Le chantier de réforme constitutionnelle est toujours ouvert", a indiqué Amar Ghoul, soulignant à l'adresse de l'opposition, qui refuse toujours de s'inscrire dans l'agenda politique du pouvoir, qu'"il n'y a aucune restriction et que toute les questions peuvent être posées et débattues". À propos de la lettre de Gaïd Salah à Saâdani, Ghoul a estimé qu'elle "n'est pas une prise de position", mais "juste des félicitations protocolaires". M.M.