Ceux qui ont suivi les programmes de la soirée, d'avant-hier, sur certaines chaînes de télévision privées, auraient remarqué que la sommation de Hamid Grine a fait son effet. Plusieurs chaînes ont obtempéré et procédé à des changements dans leur programme le soir même de la mise en garde. Echourouk TV qui diffuse une caméra cachée, "Otages", s'est abstenue depuis la sortie de Grine de la diffuser. Idem pour Dzaïr TV qui a élagué sa caméra cachée "le Couloir" de son programme dès avant-hier. Contactés, hier, par Liberté, les patrons des ces chaînes estiment que la sortie de Hamid Grine "est à saluer". Hormis Ali Djerri, directeur de KBC, qui y voit "une réaction destinée plutôt à l'opinion internationale que nationale", Mohamed Hakem, DG de Dzaïr TV, Anis Rahmani d'Ennahar TV et Karim Kerdache d'El-Djazaïria estiment, quant à eux, qu'"il est nécessaire de mettre le holà à ces dérapages récurrents". Ali Fodhil, directeur d'Echourouk TV, a estimé que le communiqué du ministère de la Communication visait Echourouk, précisant que "toutes les caméra cachées réalisées de par le monde ont le même concept". "On ne diffuse pas une caméra cachée sans le consentement de la victime du jeu", a-t-il encore justifié, ajoutant que le but "est de distraire le téléspectateur". M. Fodhil se défend d'avoir fait l'apologie de la violence sur sa chaîne, avant de souligner qu'il a arrêté la diffusion de la caméra cachée incriminée "pour s'adapter aux mesures du ministre", même s'il n'est pas d'accord avec la sortie de Grine. "On ne peut pas faire l'apologie du terrorisme, nous qui comptions quatre victimes", a-t-il rappelé, regrettant que "les quelques messages diffusés à l'insu des responsables sont le fait des aléas du direct". M. Hakem de Dzaïr TV a souligné, quant à lui, que "c'est bien que les pouvoirs publics veillent au respect de l'éthique et du professionnalisme", affirmant que Dzaïr TV souscrit à cela. Il a précisé que le ministère "est dans son plein droit de mettre en garde ces chaînes du fait que les accréditations émanaient des services du département de Hamid Grine". Il a appelé, au passage, à installation de l'Autorité de régulation de l'audiovisuel (Arav) afin qu'elle puisse jouer pleinement son rôle. Il a évoqué aussi le cahier des charges qui est, selon lui, "l'unique loi algérienne qui permettra à ces chaînes de se conformer à la réglementation et éviter ces dérapages". Karim Kerdache, responsable d'El-Djazaïria, partage le même avis. Il considère qu'une chaîne de télévision "ne peut pas travailler sans un cahier des charges". Pour lui, il est "très urgent" de le rendre public, car il sera "un rempart contre ces dérapages". Anis Rahmani, DG d'Ennahar TV, a estimé que sa chaîne n'était pas concernée par les mises en garde du ministre, informant que Hamadache "est banni d'Ennahar TV depuis longtemps". "On s'oppose à ce genre de caméra cachée et à tous ces programmes qui font l'apologie de la violence et de l'extrémisme", a-t-il ajouté. Anis Rahmani a informé que parmi la quarantaine de chaînes qui existent, "seules quelques-unes ont une identification au ministère de la Communication". "Ceci, considère-t-il, est un vrai problème qui ne peut être résolu sans un cahier des charges." Il a, par ailleurs, accusé une de ces chaînes de télévision qui serait, selon lui, "d'obédience wahhabite financée directement par l'Arabie saoudite". M.M.