L'armée régulière libyenne, ou du moins ce qu'il en reste, fait face à un véritable dilemme. Après avoir fusionné avec les troupes de Khalifa Haftar, désigné par le Parlement élu de Tobrouk à la tête de l'état-major, l'armée loyale au gouvernement d'Abdallah al-Theni doit se battre contre l'Etat islamique (EI/Daech), qui étend progressivement son territoire en Libye, et combattre les milices islamistes radicales qui ont le même projet politique et la même idéologie que l'organisation créée par Abou Bakr al-Baghdadi en Syrie et en Irak. C'est le cas à Derna, où l'armée de Haftar vient d'engager une meurtrière bataille contre "le Conseil consultatif des moudjahidine de Derna", une milice islamiste radicale qui était, pourtant, derrière le cinglant revers de Daech dans cette ville de l'Est libyen du mois de juin dernier. Tout en s'opposant à l'EI, ce "Conseil des combattants de Derna" livre une guerre sans merci à Khalifa Haftar, au même titre que la coalition de milice islamiste dirigée par Ansar al-Charia à Benghazi, et qui refuse toute alliance avec Fajr Libya, l'autre coalition islamiste issue de Misrata, dans le nord-ouest du pays. L. M.