Le Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (Care) a rappelé, hier lors d'une conférence de presse organisée à l'hôtel Sofitel d'Alger, l'urgence d'un programme économique qui prenne la mesure réelle des menaces qui pèsent sur l'économie algérienne. "Un programme auquel l'ensemble des acteurs économiques et sociaux devraient être associés, l'enjeu immense pour notre pays étant celui de son retour au chemin de la croissance durable et du développement économique et social", souligne-t-il. Selon ce think-tank, les chiffres qui commencent à être publiés par les institutions officielles, donnent déjà une idée de l'ampleur des déficits prévisibles qui affecteront gravement, pour cette année 2015, les échanges extérieurs, la balance des paiements comme le budget général de l'Etat. Pour la partie budgétaire, Mouloud Hédir expert et membre du Care indique que la baisse des recettes globales projetée serait de 8%. La baisse est moins grave que prévue, a-t-il indiqué, grâce notamment à l'augmentation de la fiscalité ordinaire de +29%. Par contre, la fiscalité pétrolière pourrait chuter de 33%. "Ce glissement aurait pu être plus important, s'il n'avait pas été corrigé par un effet de taux de change", précise M. Hédir. En d'autres termes la forte baisse du dinar par rapport au dollar atténue la baisse des recettes fiscales pétrolières en dinars. De la même manière, les recettes ordinaires liées à la TVA et aux droits de douane profitent de la baisse du dinar. En matière de dépenses globales, M. Hédir constate une relative maîtrise. Mais dans le détail, les dépenses de fonctionnement augmentent de 19% alors que les dépenses d'équipement régressent de 27%. Mais le plus grave, encore, c'est le déficit budgétaire qui pourrait atteindre 1 907 milliards de dinars. Si rien n'est fait, les ressources du Fonds de régulation des recettes seront épuisées courant 2017. Concernant la balance commerciale, Mouloud Hédir projette un déficit de 15 milliards de dollars pour toute l'année 2015. Il faudra ajouter au déficit de la balance commerciale 4 milliards de dollars de l'opération d'acquisition de Djezzy et environ 6 milliards dollars pour les services et les transferts de dividendes des sociétés étrangères, autour de 5 milliards de dollars. Ce qui donnerait une balance de paiement déficitaire de 30 milliards de dollars. Cependant, Care ne s'inscrit pas dans une logique pessimiste. "L'espoir existe, nous pouvons nous en sortir. Nous pouvons avancer et avoir une autre Algérie, à condition d'y croire et de le vouloir", estime le président du Care Slim Othmani. "La situation n'est pas dramatique à ce stade. Nous avons des amortisseurs pour les trois prochaines années", indique M. Hédir. Mais qu'est-ce qu'il faut faire pour redresser la situation ? S'interroge l'expert, évoquant le risque de la baisse de la croissance, en raison de la réduction des dépenses publiques et de la consommation, et la reprise du chômage. "Il faut accélérer le rythme des réformes", a-t-il estimé, évoquant cinq questions soumises au débat. M. Hédir, plaide pour un autre mode de financement que le budget. La deuxième question concerne les subventions. Même s'il reconnaît qu'il n'est pas possible de démanteler, tout de suite, le système de subvention, M. Hédir estime qu'il faut entamer le chantier. "Il faut le faire d'une manière graduelle", suggère-t-il, évoquant un consensus sur ce point au sein du gouvernement. Mouloud Hédir a abordé la question des investissements directs étrangers. Il qualifie la règle 51/49 d'absurde. Les autres éléments de débat évoqués par M. Hédir, concernent la gestion du commerce extérieur et le climat de affaires. M. R.