Pour ne pas avoir approvisionné Tamanrasset en carburant le wali d'Adrar a été relevé de ses fonctions, mercredi dernier. Tamanrasset qui venait de sortir d'une pénurie de carburant y a replongé à la veille de l'Aïd. Les automobilistes de Tamanrasset, contraints de passer un Ramadhan devant les stations-services pour s'approvisionner en carburant, ont fini par se révolter et lâcher bride à leur colère. Ils ont procédé, le premier jour de l'Aïd, à la fermeture de la route principale menant au centre-ville, en signe de protestation contre cette crise qui dure depuis plus de dix mois. La route a été barricadée à l'aide de pneus brûlés, de motocyclettes et d'autres objets hétéroclites. Les protestataires se sont indignés contre la nonchalance et l'indifférence des autorités qui se contentent de faire des déclarations mensongères pour maquiller l'ampleur d'une crise qui ne profite, encore une fois, qu'aux réseaux de contrebandiers. Il a fallu l'intervention de la police pour disperser les manifestants et rétablir l'ordre public. Cependant, c'était sans parvenir à dissiper les affligeantes scènes qui marquent ce secteur sensible. Le constat est vraiment écœurant. Peu après la prière de l'Aïd, de longues processions de voitures, comme à l'accoutumée, se sont formées devant la pompe à essence de Tahaggart, à l'entrée nord de la ville de Tamanrasset. Après moins de deux heures de service, celle-ci, paradoxalement aux déclarations faisant état de la disponibilité de cette énergie durant les jours de fête, a affiché une panne sèche, au grand dam des automobilistes. Les plus chanceux parmi ces derniers avaient des réservoirs contenant quelques gouttes d'essence leur permettant de regagner désespérément leur domicile. D'autres par contre ont été contraints de prendre leur mal en patience et passer une journée de fête dans cet "espace immonde" à pousser leurs voitures à sec en aspirant à faire le plein. C'était peine perdue, puisque la pénurie de carburant, l'essence en particulier, a été bel et bien affirmée par les pompistes. "On a dû annuler le programme de visites qu'on devait rendre aux proches pour quelques gouttes de carburant. En fin de compte, on nous envoie balader. C'est grave. Honte à nos responsables ! Jamais je n'ai imaginé passer l'Aïd dans une station de carburant. Où est cette Algérie de droit et de dignité ?", lance un automobiliste, non sans dépit, à l'adresse du premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika. Rappelons que Naftal a, dans un communiqué rendu public, assuré que "durant la fête de l'Aïd El-Fitr, et à l'instar des autres jours, la distribution des produits pétroliers sera assurée sur l'ensemble de son réseau de stations-services et de ses points de vente de jour comme de nuit (24h/24) à travers tout le territoire national". Cet engagement n'a vraisemblablement pas été honoré à Tamanrasset où la crise atteint son paroxysme.