Résumé : Lors de leur discussion, Mordjana avoua à son mari qu'elle se sentait parfois seule, et sentait qu'il l'ignorait... Il sut garder son sang-froid et mentir encore une fois sur sa double vie... Sa femme lui parle cependant d'un parfum de femme qu'elle avait senti sur l'une de ses chemises... Une réalité s'était imposée à elle : Samir pouvait rencontrer d'autres femmes. Il ne voulait pas en entendre plus... Malgré elle, Mordjana le torturait, car elle mettait la main sur sa plaie. -Arrête Mordjana et ne répète plus jamais ce que tu viens de dire... Je ne suis ni un coureur de jupons ni un aventurier... Ma femme c'est toi, je n'en veux pas d'une autre dans ma vie... Quelles que soient les circonstances de notre mariage, j'ai appris à t'aimer et à te respecter, et je ne suis pas près de t'abandonner, ni à te laisser partir où que ce soit ailleurs. Je pensais que ton amour pour moi était aussi fort que le mien, et voilà que je découvre que tu veux me quitter... -Pour te voir heureux, je suis prête à tous les sacrifices... -Qui te dit que j'ai besoin de tes sacrifices ? Moi je suis heureux, pas toi ? Elle baisse les yeux et laisse échapper deux larmes : -Je... je n'aimerais pas être cette chape de plomb sur ta conscience. Il est inadmissible pour moi de te bloquer ainsi alors qu'il suffirait d'un geste pour changer les données du destin. -Mais de quoi parles-tu encore, s'écrit-il. Nous ne pouvons rien changer au destin. Tu le sais bien, et puis qui te dit que je pourrais avoir des enfants avec une autre ? Qui de nous est donc dans l'erreur ? -Je... je ne sais pas. C'était juste une supposition... -Alors cesse de me mettre les nerfs à fleur de peau et laisse-moi me reposer... Une longue journée m'attend demain. Il se détourne d'elle et se glisse sous sa couverture. Son cœur cognait tellement fort contre sa poitrine qu'il crut qu'elle allait entendre ses battements. Il tendit la main pour éteindre la veilleuse. Dans le noir de la nuit, il se sentait si vulnérable qu'il avait envie de pleurer. Mordjana se blottit contre lui. Il ouvrit son bras et elle s'y glisse en murmurant : -Je t'aime tant Samir. Il resserre son étreinte et se traite de tous les épithètes d'homme indigne, avant de fermer les yeux et de plonger dans un sommeil loin d'être réparateur. Une semaine passe. Mordjana lui avait révélé qu'elle s'était déplacée jusqu'aux services sociaux de la ville afin de se renseigner sur toutes les formalités requises à une adoption. La liste des documents à fournir était longue, mais cela ne l'a pas découragée. Elle était prête à affronter tous les déluges pour réaliser son objectif. -Tu vois mon chéri, je ne voulais pas trop t'encombrer avec toute cette paperasse, c'est pour cela que je voulais m'en occuper moi-même. -À la bonne heure, car tu comprends bien que, moi aussi, je ne suis pas maître de mon temps. -Qu'à cela ne tienne... Je suis tellement heureuse à l'idée de ramener un enfant à la maison, que je pourrais courir jour et nuit... Hum... Je... je ne sais pas si c'est une impression, mais parfois je te trouve distrait lorsque j'aborde ce sujet... -Distrait... Tu n'y penses pas... Je... je suis plutôt heureux de savoir qu'enfin tu acceptes l'idée d'adopter un enfant. -Heu... Je... je n'ai pas encore abordé ce sujet avec les autres... -Les autres ? -Oui... Ta famille... Cet enfant va porter ton nom... Je... je sais qu'il est parfois difficile pour certains d'accepter cette initiative. Il soupire : -Je vais en parler à ma mère... Mais quelle que soit sa réponse, je ne reviendrai pas sur cette décision... Nous ne sommes plus des enfants... -Je n'aimerais pas non plus froisser la susceptibilité de tes parents... -Mes parents... Tu sais bien que pour mon père, à part sa bouteille de vin, rien d'autre n'est important à ses yeux... La vie pour lui est un jeu de cartes... Par contre, ma mère pourrait voir les choses d'une autre manière... Par dépit, elle pourrait s'opposer à cette adoption, mais je saurais l'amadouer et lui faire accepter notre ultime recours pour avoir un enfant. Mordjana baisse les yeux : -Je savais que le jeu ne sera pas facile... -Ne t'inquiète pas... Tout rentrera dans l'ordre. Une fois parmi nous, tout le monde acceptera cet enfant, et de bon cœur. En fin de journée, Samir se rendit chez Ilhem. Ces derniers temps, elle était souffrante, et il avait insisté pour qu'elle se rende chez un médecin. Elle lui avait semblé pâle, fatiguée et se plaignait de nausées et de vomissements. Elle ne se nourrissait pas convenablement et il craignait pour sa santé. C'est donc les bras chargés de fruits et de yaourts qu'il introduit sa clé dans la porte d'entrée avant d'aller déposer ses achats dans la cuisine. Ilhem était rentrée. Il avait vu sa voiture dans le parking et ses affaires étaient déposées sur la console du couloir. Y. H. (À suivre)