Au grand dam de la Maison-Blanche, qui n'a ménagé aucun effort pour évincer l'Egyptien de son poste, aucun candidat n'est venu le concurrencer pour un troisième mandat à la tête de l'Aiea. À la date de clôture du dépôt de candidature pour la direction générale de l'Aiea, le 31 décembre dernier, le Dr Mohammed El-Baradeï était l'unique postulant à ce poste. La campagne menée par les Etats-Unis pour l'empêcher d'arracher un troisième mandat successif semble avoir échoué. Il ne reste à l'Administration Bush qu'à tenter de bloquer la réélection de l'Egyptien par d'autres moyens. Pour atteindre cet objectif, les Américains devront réunir au moins douze voix sur les trente-cinq que compte le conseil des gouverneurs de l'agence. Les responsables américains ne tablent plus que sur cette possibilité pour empêcher le directeur général d'arracher un troisième mandat. C'est une tentative vouée à l'échec selon les diplomates, en raison de l'estime dont jouit Mohammed El-Baradeï au sein de cette instance directrice de l'Aiea. La position de ce dernier a été confortée en novembre de l'année écoulée, lorsque la presse américaine a publié des informations faisant état de mise sur écoute et d'espionnage par les services du renseignement US de ses conversations avec des diplomates iraniens. La décision de la Maison-Blanche de se débarrasser de Mohammed El-Baradeï est motivée, selon les observateurs, par la perméabilité dont il aurait fait preuve dans la gestion des dossiers nucléaires iraniens et irakiens. Certaines personnalités US haut placées lui reprochent d'avoir dissimulé au conseil des gouverneurs de l'agence des informations qui auraient permis aux Etats-Unis de saisir le Conseil de sécurité et d'imposer ainsi des sanctions économiques à l'Iran. L'autre point de discorde entre les deux parties est la question du nucléaire israélien, qui échappe à tout contrôle de l'Aiea. En effet, El-Baradeï ne semble pas admettre que l'Etat hébreu bénéficie d'une grande protection américaine. Cet état de fait l'empêche d'effectuer des missions de contrôle dans les centres nucléaires israéliens. Sa récente visite en Israël, l'été dernier, n'a constitué en fait qu'une randonnée touristique, en raison du refus total du gouvernement Sharon de collaborer avec son institution. Ainsi, le renouvellement du mandat de l'Egyptien risque de ne pas être une opération électorale de routine. On s'attend à de fermes tractations au sein du conseil des gouverneurs. Des analystes pensent même que cela pourrait prendre de longs mois, si Washington persiste à radicaliser sa position vis-à-vis de Mohammed El-Baradeï. Il est question pour l'instant de tentatives de conciliation entre les deux parties, avant de passer à des étapes supérieures. Reste à savoir si l'Administration Bush, contrariée jusqu'à maintenant par l'absence de candidat qui rivaliserait avec le directeur général de l'Aiea, est disposée à conclure un arrangement avec lui. K. A.