Le Mouvement démocratique et social (MDS) a rendu, hier, un vibrant hommage à son ancien secrétaire général, Hachemi Chérif, décédé, il y a dix ans, à l'âge de 66 ans, suite à une longue maladie. Dans un communiqué rendu public, le conseil national du MDS a rappelé le rôle déterminant qu'a joué ce "patriote" pour forger "une ligne de changement radical", à travers le MDS. Pour la direction de cette formation politique, les capacités et la clairvoyance du défunt l'avaient consacré comme "un intellectuel de premier plan". "Du Pags au MDS, en passant par Ettahadi, il dénonçait toutes les impostures, aussi bien la sous-estimation de la menace islamiste que sa surestimation, aussi bien le dogmatisme que l'opportunisme, en avançant, toujours, une position de principe intransigeante", a encore relevé le communiqué. Pour les responsables actuels du MDS, Hachemi Chérif s'était consumé pour éclairer "le combat de la famille qui avance". Aussi, avec la disparition de Hachemi Chérif, c'est l'Algérie moderne et démocratique qui a perdu "un soutien intellectuel, politique et moral inestimable". L'hommage rendu hier à Hachemi Chérif, d'abord dans la matinée au cimetière de Miramar, à Raïs Hamidou (Alger), où ce dernier est enterré, ensuite, en fin d'après-midi, au siège du MDS, est également "un hommage à tous ceux qui ont perdu la vie pour l'Indépendance nationale et sauvé la République des griffes de l'islamisme". Mais qui est Hachemi Chérif ? Ce dernier est né le 5 octobre 1939, dans la wilaya de Béjaïa. À 17 ans, il arrête ses études secondaires pour rallier la cause de Libération nationale, en participant activement à la grève estudiantine de 1956. Pleinement engagé dans la Révolution, il est scripte et assistant réalisateur à la RTF de 1957 à 1960. Mais, il devra rejoindre les maquis de la Wilaya IV Zone I, en 1960, parce qu'il est recherché par les services français. Trois ans plus tard, Hachemi Chérif est nommé chef de la daïra (sous-préfet) de Lakhdaria. De 1963 à 1967, il est secrétaire général de la Radio télévision algérienne (ENTV, ex-RTA). En 1965, il sera parmi les opposants au coup d'Etat du 19 juin et prendra contact, quelques mois après, avec l'Organisation de la résistance populaire (ORP). Hachemi Chérif sera également élu président de la puissante Fédération des travailleurs de l'éducation et de la culture (FTEC) et intégrera les rangs du Parti de l'avant-garde socialiste (Pags). Dans les années 1990, Hachemi Chérif est considéré comme "le précurseur de la lutte citoyenne contre le terrorisme". D'ailleurs, ses déclarations et orientations ont été pour beaucoup dans la création des premiers groupes de patriotes, particulièrement à Boufarik et à Constantine. Personnalité-clé de la classe politique durant "la décennie noire", Hachemi Chérif était pour une alternative démocratique, renvoyant dos à dos "le régime rentier et l'islamisme politique". Pour ce militant, il était "raisonnablement" impossible de parler de projet de société à propos de l'intégrisme, dès lors que celui-ci était "un mouvement manifestement à contre-courant du mouvement de l'histoire et purement et simplement d'un horrible assassinat qui ferait basculer l'Algérie dans le chaos et une mort certaine". C'est la raison pour laquelle il était partisan d'une refondation de l'Etat et des institutions et semblait donc plus préoccupé par "l'état de l'Etat". H .A.