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"Nos dirigeants ont voulu construire une France qui s'appellerait Algérie"
Saïd Sadi, jeudi, lors d'une conférence sur Ali LaImèche à Tizi Rached
Publié dans Liberté le 08 - 08 - 2015

Au lieu de "s'inspirer des réalités algériennes et de mettre en place des institutions qui traduisent la physionomie de la société algérienne", nos dirigeants ont cru possible de "construire une France qui s'appellerait Algérie",
ignorant que le modèle français était une exception dans le monde.
La conférence animée jeudi soir dans la grande salle, pleine à craquer, de la bibliothèque communale de Tizi Rached, sous le thème "Laïmèche Ali : une étoile dans l'aube algérienne", a été une nouvelle occasion pour Saïd Sadi de revenir sur la raison principale de l'échec des dirigeants algériens dans la gouvernance du pays depuis son Indépendance.
"En 1962, les dirigeants algériens qui avaient le pouvoir, et ils étaient de l'armée des frontières, avaient comme seul rêve et ambition de construire une France qu'ils appelleraient l'Algérie", a déclaré l'ex-président du RCD tout en expliquant que ces dirigeants avaient acquis une vraie mentalité de colonisé, puisque dans leur tête, dit-il, pour être un peuple adulte et une nation respectable, il faut ressembler à la France. "Ils ont réussi à se convaincre que le modèle jacobin français était le plus répandu dans le monde alors qu'il n'est qu'une exception. Pour eux, il fallait ressembler aux maîtres d'hier, et c'est ce mimétisme du néocolonisé qui nous a fracassés jusqu'à aujourd'hui".
Pour le Dr Sadi, c'est cette vision même qui est à l'origine du drame algérien aujourd'hui, à savoir le divorce total entre l'Etat et la société.
"Au lieu de s'inspirer des réalités algériennes et de mettre en place des institutions qui traduisent la physionomie de la société algérienne et adapter les instruments de gouvernance à celle-ci, ils ont importé des idées d'ailleurs, notamment le modèle français, jacobin, qu'ils tenaient à reproduire alors que l'histoire, l'économie, la sociologie et l'étendue de la France ne sont pas celles de l'Algérie", a-t-il analysé non sans citer le communisme et l'islamisme, voulus par les uns et les autres comme "autres poisons" de ce qu'il qualifie de "synergie du malheur sur l'idée de la construction de la nation algérienne".
Ce drame trouve aussi ses racines, selon Saïd Sadi, dans le fait que la colonisation de peuplement subie par l'Algérie, qui a privé le mouvement national de cadres qui peuvent mener un combat non pas sur la base de la haine et du populisme mais plutôt sur une adhésion, un projet, une identification et quelque chose de structurant. "Les cadres n'étaient déjà pas des masses et, pour notre grand malheur, ceux qui pouvaient le faire étaient, soit morts, soit assassinés par les nôtres, comme Abane, et ne sont restés que les populistes qui n'étaient pas là pour construire une nation", a-t-il estimé, convaincu que "si Ali Laïmèche était vivant et si Benaï Ouali n'avait pas été arrêté", la crise de 1949 n'aurait pas été ce qu'elle fut, c'est-à-dire "le premier dérapage lourd dont on n'est jamais ressorti, et l'Algérie aurait eu un tout autre destin". Pour situer toute l'ampleur de la perte d'Ali Laïmèche, Saïd Sadi, tout en s'appuyant sur les témoignages d'acteurs de l'époque, dont Mohand-Saïd Mazouzi, Omar Oussedik, Hocine Aït Ahmed, Saïd Aïch et Mohand Ouidir Aït Amrane, a expliqué que "Laïmèche, malgré son jeune âge de 21 ans, était un surdoué, un être d'exception qui a réussi à construire une pensée politique, définir une stratégie, analyser les grandes questions géopolitiques de l'époque". "Il s'intéressait aux grands courants d'idées dans le monde tout en gardant sa capacité critique, et surtout, se projetait dans l'indépendance et esquissait déjà le non-alignement de l'Algérie sur un des deux blocs." Il était aussi, a souligné le Dr Sadi, le précurseur de la prise en charge de la langue et culture amazighes dans le discours politique nationaliste. "Il savait que cette question était fondatrice de la nation algérienne et qu'elle était cardinale dans la perspective démocratique du combat", dira-t-il en notant que depuis l'Indépendance, il était "l'homme que le pouvoir a tout fait pour cacher, et qui partage donc ce même destin avec Amirouche", soulignant que c'est "la mémoire populaire qui les a rendus vivants".
Interrogé sur la perspective actuelle et le devenir de tamazight, Saïd Sadi souligne qu'"aujourd'hui, qu'on le veuille ou non, la question amazighe est au centre du débat politique national". "Aujourd'hui, aucun parti ne peut être contre tamazight, y compris les islamistes (qui), même si c'est par tactique et ruse, se revendiquent de l'amazighité", dit-il en affirmant être persuadé que cette langue va reprendre totalement sa place dans son pays. "Il faut encore se battre pour qu'elle soit obligatoire en dénonçant le piège du caractère facultatif qui est un moyen de la mettre sur la touche", ajoute-t-il en réfutant l'argument de ceux qui disent qu'"elle n'est pas prête". "C'est une question de volonté politique. Tamazight est aujourd'hui à même de devenir, en l'espace de quelques années, une langue absolument performante, capable de répondre à tous les domaines de l'activité politique, économique, institutionnelle, judiciaire et culturelle. Sur le plan du potentiel lexical, il y a de quoi faire une langue absolument opérationnelle dans un temps minimum avec des équipes de spécialistes ; ce n'est pas du tout la capacité de la langue à répondre au besoin de l'éducation ou du fonctionnement d'un pays mais c'est la volonté politique qui n'est pas là pour l'instant et c'est là le combat que nous devons mener aujourd'hui", a-t-il préconisé.


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