Le président tunisien Beji Caïd Essebsi a promulgué hier la nouvelle loi sur la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent, a rapporté la presse locale. "Le président de la République Béji Caïd Essebsi a décidé vendredi matin (hier, ndlr) la promulgation de la loi relative à la lutte contre le terrorisme et le blanchiment d'argent", a rapporté l'agence de presse officielle la TAP dans sa version en ligne. Cette loi a été adoptée le 25 juillet dernier au Parlement, après plusieurs semaines d'un débat houleux, alors que dans la rue tunisienne de nombreux acteurs de la société civile et des ONG n'ont pas manqué de manifester leurs craintes face à d'éventuelles violations des droits de l'Homme et de la liberté de la presse, sous le couvert d'une lutte contre le terrorisme. L'adoption de cet arsenal juridique intervient dans un contexte marqué par la prolongation de l'état d'urgence pour soixante jours supplémentaires, en raison de la persistance de la menace terroriste en Tunisie, avait expliqué le Premier ministre Habib Essid, devant les députés, il y a environ une semaine. L'état d'urgence avait été décrété du 2 juillet au 4 août, au lendemain de l'attaque de Sousse qui a fait le 26 juin pas moins de 38 victimes, toutes des touristes étrangers, dont 30 de nationalité britannique. La mobilisation des services de sécurité a permis l'arrestation de dizaines d'individus, suspectés d'appartenance aux réseaux terroristes, dont certains seraient des recruteurs des candidats au "jihad" en Irak et en Syrie. Des cellules terroristes ont aussi été démantelées dans plusieurs localités, alors qu'elles s'apprêtaient à commettre une série d'attentats, y compris dans la capitale Tunis. Toutes ces mesures sont pourtant loin de suffire pour prémunir la Tunisie contre le chaos terroriste programmé. Car, il ne s'agit pas seulement d'une lutte contre un phénomène terroriste interne, mais d'une lutte qui s'organise à l'échelle régionale et internationale. Pour le cas de la Tunisie, le regard se tourne de façon évidente vers la Libye voisine, un pays en guerre depuis quatre ans et où l'Etat islamique représente une menace directe pour Tunis. Des dizaines de Tunisiens sont actuellement dans les camps d'entraînement libyens, alors que plus de 2 000 autres pourraient toujours rentrer d'Irak et de Syrie pour semer la terreur en Tunisie. Méconnus des services de renseignements, pour nombre d'entre eux, ces terroristes tunisiens, empruntent quasiment la même route, en traversant la frontière tuniso-libyenne. La construction d'un mur tout au long d'une partie de la frontière avec la Libye et le déploiement de plus de troupes ne garantit rien à Béji Caïd Essebsi qui, lui-même, l'a avoué, en réclamant une aide internationale accrue pour faire face au terrorisme. Le chef de l'Etat tunisien a également affirmé que la sécurité de son pays dépend, en grande partie, de la stabilisation de la Libye, en crise politico-sécuritaire depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, en 2011, suite à la "révolution populaire du 17 février". L. M.