Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
Les constats de l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen Relations économiques entre l'UE et les Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée
Malgré leur proximité géographique et culturelle, les relations économiques qu'entretiennent l'Union européenne (UE) et les pays du sud et de l'est de la Méditerranée (PSEM) demeurent très limitées au regard de leurs complémentarités qui s'accentuent. Elles reposent pour beaucoup sur l'investissement dans l'exploitation de matières premières, de biens manufacturés et services basiques ainsi que sur l'exportation de ressources à valeur ajoutée encore modérée pour les pays du Sud. C'est, du moins, ce que relève dans un rapport, l'Observatoire de la coproduction en Méditerranée, piloté par l'Institut de prospective économique du monde méditerranéen (Ipemed) et un think tank euroméditerranéen. Première publication de l'observatoire, le rapport "Dynamique des investissements dans les pays riverains de la Méditerranée : situation macroéconomique" dresse un état des lieux de la situation macroéconomique des sept pays du sud et de l'est de la Méditerranée (Algérie, Egypte, Jordanie, Liban, Maroc, Tunisie, Turquie) et des dynamiques d'investissement à l'œuvre dans ces pays et, en particulier, en lien avec les quatre pays nord-méditerranéens de l'échantillon (Allemagne, Espagne, France, Italie). L'analyse a dégagé 15 constats. Le premier constat du rapport : les PSEM maintiennent une croissance positive malgré les récentes crises régionales et mondiales et s'avèrent relativement vulnérables à la conjoncture européenne. Par ailleurs, la croissance des PSEM demeure insuffisante pour relever les défis économiques et sociaux d'un développement durable. Particulièrement élevé dans les PSEM en situation de crise politique, le taux d'inflation déflateur du PIB (différentiel entre PIB nominal et réel), culmine au-delà des 10% de moyenne en Egypte et en Algérie depuis 4 ans. Selon le rapport, l'UE entretient d'importants liens financiers avec les PSEM, en particulier au Maghreb, mais ils se traduisent trop peu par des investissements structurants et productifs. L'essentiel des liens financiers est assuré par les envois de fonds, principalement à l'initiative des migrants. Plus de 75% des transferts de fonds proviennent d'Europe pour le Maghreb (87% pour l'Algérie, 73% pour le Maroc et 81% pour la Tunisie), contre 57% pour la Turquie (essentiellement d'Allemagne) et respectivement 18%, 4% et 3% pour le Liban, l'Egypte et la Jordanie. Le Maroc est le pays recevant le plus grand volume de capitaux d'Europe avec plus de 5 milliards de dollars contre un minimum de 95 millions de dollars pour la Jordanie. La part des IDE de l'UE reçue par les PSEM s'avère modeste et la nature des IDE, au Sud, conduit encore à trop peu de production de valeur ajoutée. L'étude des échanges commerciaux est révélatrice du degré d'intégration des deux espaces et des relations et dépendances qui en résultent. Les pays du Nord, l'intégration régionale joue pleinement son rôle. Les PSEM sont encore marginaux en termes de partenaires à l'exportation. À l'inverse, certains pays du Sud sont fortement dépendants de l'UE pour leurs exportations mais le commerce infrarégional est atone faute d'intégration économique. Face à un marché domestique encore étroit et un marché régional quasi inexistant, les PSEM révèlent une forte vulnérabilité vis-à-vis des grandes puissances régionales. Le rapport constate, aussi, que les pays dotés en hydrocarbures semblent avoir longtemps retardé le moment de la diversification (Egypte) ou ne l'ont pas encore enclenché comme l'Algérie. Notre pays apparaît encore exclusivement dépendant de sa production d'hydrocarbures. Le rapport plaide pour une véritable stratégie partenariale entre l'UE et les PSEM. Sans nier les obstacles qui se dressent encore sur le chemin de ces partenariats hautement bénéfiques, l'idée-clé est celle d'une convergence à concrétiser entre les deux rives de la Méditerranée dont la coproduction serait l'instrument. M. R.