Résumé : Hasna est indignée et ne prend pas de gants pour montrer sa colère et son dédain pour cet enfant ramené d'un l'orphelinat. Mordjana lui tient tête tout en caressant l'envie de la prendre par les cheveux et de la traîner à travers la cour. Elle tente de lui expliquer que Samir n'a rien trouvé à redire sur cette affaire. Mais la vieille femme l'accuse de l'avoir ensorcelé. Elle soupire : -J'ai beau le mettre en garde contre tes manigances... Rien à faire... Il ne voit plus rien d'autre sous l'effet pervers de tes sortilèges. Mordjana allait riposter lorsqu'elle entendit des cris qui parvenaient de la chambre d'enfant. Amir s'était réveillé et la réclamait. Elle plante Hasna au milieu de la cour et s'empresse d'aller le rassurer. Au même moment, Samir, qui sortait de la cuisine, se heurte à sa mère. -Ah ! te voilà toi... -Que se passe-t-il maman ? Tu n'as pas l'air très en forme... -Moi ? Je n'ai jamais été en aussi bonne forme mon fils... Ah... Ah... Ah... Tu es le dindon de la farce, et tu fais quand même des remarques à ta pauvre mère. -Le dindon de la farce ? Mais de quoi veux-tu donc parler ? -Tu me prends pour une imbécile ? Samir fronce les sourcils : -Loin de là mère... Qu'as-tu donc ? Pourquoi cet air outré ? Hasna le regarde dans les yeux et prend une lente inspiration. -Je ne sais pas si tu fuis tes responsabilités, ou tu as peur de ta femme. -Je ne vois pas de quoi tu parles. Sois plus claire dans tes propos, maman. Elle met alors les mains sur les hanches et lance d'une voix forte : -Tu n'es qu'un incapable qui se fait dicter sa conduite, sans comprendre pourquoi il devient la risée du quartier. Lorsque je tente de t'aider à mettre un terme aux caprices de ta femme, tu deviens comme cette autruche, qui dès qu'elle ressent le danger, enterre sa tête dans le sable et oublie le reste de son corps... Samir sentit la colère gronder en lui. Il aimait sa mère et la respectait. Cependant, cette dernière devient de plus en plus insupportable et ne cesse de les harceler Mordjana et lui. -Tu veux parler de cet enfant qu'on vient de ramener... Elle pousse un soupire : -Tu saisis enfin le fond de mes pensées... -Tu veux insinuer que nous avons mal fait de l'adopter ? -Non, ce n'est pas ça... L'adoption n'a été conclue qu'avec le consentement de ta femme... C'est elle qui mène la barque, et c'est elle qui décide... Toi tu n'es qu'une marionnette entre ses mains... Ah ! Samir ! Ah ! Mon fils ! J'étais tellement fière de toi ! Samir se retint de justesse pour ne pas lui lancer au visage qu'elle était sa mère, mais qu'il était aussi un homme. Un adulte qui savait ce qu'il faisait... Il toussote pour se reprendre avant de répondre : -Maman s'il te plaît... -Rien ne me plaît plus depuis que cette négresse est parmi nous. -Maman... Je n'aimerais pas te froisser... Cette adoption n'a été décidée qu'après mûre réflexion. Rappelle-toi donc... Mordjana n'avait jamais accepté de recourir à cette solution malgré mon insistance... -Oui... mais lorsqu'elle s'était décidée, tu n'as pas su la désarmer. -Pourquoi la désarmer ? -Parce que tout ce qu'elle veut, elle l'obtient...Tu ne sais rien lui refuser... Tu ne sais pas être ferme et camper sur tes positions. Samir secoue la tête d'un air navré : -Maman... Nous t'avons déjà entretenu sur ce sujet... -Certes, mais je n'avais pas donné mon accord. -C'était le nôtre qui primait... Nous voulions juste te mettre au courant de cette affaire. Stupéfaite, Hasna ouvrit tout grands ses yeux : -Tu veux dire que mon avis t'importait peu... -On connaissait déjà tes réticences, maman... Mordjana et moi voulions un enfant... Si Dieu n'a pas voulu exaucer notre vœu, c'est qu'il avait ses raisons. Nous sommes mariés depuis plusieurs années maintenant, et j'ai surpris à maintes reprises des conversations à notre sujet. Mordjana souffrait de se savoir toujours la première accusée dans cette affaire... Rappelles-toi, tu m'avais même proposé de me remarier... Hasna hoche la tête : -Si tu m'écoutais, rien de tout cela ne serait arrivé. -Je ne veux ni me remarier ni congédier Mordjana... -Bien sûr... Tu ne trouveras jamais une femme de son envergure... Elle lève les bras au ciel : -Quel péché ai-je commis dans ma vie pour mériter un tel sort ? -Mais de quoi te plains-tu donc, maman ? Nous avons adopté un adorable garçonnet qui s'appelle Amir... Il est mignon et très intelligent...Nous sommes heureux de l'avoir dans la famille... -Moi pas... (À suivre) Y. H.