Tout en reprochant à l'armée de dépasser les missions que lui confère la Constitution, à travers son implication dans les affaires politiques, Abderrezak Makri (MSP) et Mohamed Hadibi (Ennahdha) ne comprennent surtout pas pourquoi des partis politiques activant dans la légalité se sont souvent heurtés au refus de l'administration. Comme il fallait s'y attendre, la dernière sortie médiatique de l'ancien "émir" du FIS dissous, en l'occurrence Madani Mezrag, dont les révélations fracassantes ne laissent pas sans réaction les représentants de la classe politique y compris des partis islamistes. Dans son entretien accordé au confrère TSA, à l'issue de sa rencontre régionale, tenue à Mostaganem, avec d'anciens terroristes du bras armé de l'ex-FIS, Mezrag affirme notamment que les activités des anciens militants du FIS sont autorisées par l'armée et non pas par le pouvoir civil. Selon lui, cela est conforme à l'accord conclu entre les terroristes islamistes et l'institution militaire, et ce, après avoir quitté le maquis à la fin des années 1990 et s'être conformés aux dispositions de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale décrétée par le président Bouteflika. Si le MSP et Ennahdha, deux partis islamistes agréés, ne s'opposent pas aux activités de Mezrag et ses acolytes, ils s'indignent, en revanche, du fait que ces activistes soient autorisés avec cette facilité déconcertante, et de surcroît par l'institution militaire, pendant que des partis politiques et autres associations activant dans la légalité se sont souvent heurtés au refus de l'administration à chaque fois qu'ils tentent d'organiser leurs activités régulières. "Mais à quelle logique répond cette stratégie de deux poids deux mesures, préméditée par les pouvoirs publics ?" s'interrogent, d'emblée, Abderrezak Makri, président du MSP, et Mohamed Hadibi, secrétaire national chargé de communication d'Ennahdha, contactés hier au téléphone. Cela dénote, au mieux, le parti pris de l'armée qui ne dit pas son nom. "Nous ne sommes pas contre que des anciens du FIS ou autres militants, tiennent des activités. Mais, nous revendiquons que cette liberté qui leur est permise, soit généralisée à tout le monde", a suggéré Makri, non sans rappeler la série de refus opposée par l'administration à son propre parti et plus particulièrement à la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, (Cltd), à laquelle il adhère. Makri est d'autant plus outré que l'ancien "émir" du FIS dissous parle au nom de l'armée. "Dans un Etat civil que nous revendiquons, il n'appartient pas à l'institution militaire de s'impliquer dans les affaires ni des partis politiques ni d'activistes, encore moins à leur délivrer des autorisations pour l'organisation de leurs activités respectives. Cela dit, encore une fois, nous ne sommes pas contre le fait que Madani Mezrag ou d'autres militants activent. Or, c'est plutôt à l'administration, donc à l'autorité civile, qu'échoit la mission de réguler les activités politiques et du mouvement associatif. Et logiquement, nous n'avons pas besoin de solliciter l'administration pour nous délivrer une autorisation ; les activités politiques doivent être permises par une simple déclaration auprès de l'administration", réclame le chef du MSP. Même son de cloche chez Hadibi d'Ennahda qui qualifie le comportement de l'institution militaire de "non acceptable !". Pour lui, si Mezrag a outrepassé les lois de la République, c'est parce que l'institution militaire a aussi outrepassé ses missions constitutionnelles. Si le cas Mezrag est édifiant à ce titre, Hadibi dénonce également le comportement du vice-ministre de la Défense nationale, le général Ahmed Gaïd Salah, qui a eu, par le passé, à accorder une audience à Louisa Hanoune, SG du PT, ainsi que d'adresser une lettre de félicitations au FLN d'Amar Saâdani à l'issue du 10e congrès du parti. F.A.