Le ministre des Moudjahidine, Tayeb Zitouni, a affirmé, hier, à Alger, dans un entretien à l'agence de presse APS, que son département "procédera au retrait de la carte de reconnaissance des faux moudjahidine", accusant, néanmoins, que derrière cette question, "il y a des intentions d'attenter à la Révolution, ainsi qu'à l'honneur des moudjahidine". C'est la première fois qu'une voix officielle, de surcroît celle d'un ministre des Moudjahidine, reconnaît, même sans le dire expressément, l'existence de faux moudjahidine. Jusque-là, personne n'osait officiellement l'attester. Le dossier a valu et vaut toujours des déboires judiciaires à M. Mellouk, l'ancien cadre du ministère de la Justice qui fit éclater au début des années 1990 le scandale des magistrats faussaires. Depuis, la question, hautement sensible, a relevé plus de la polémique que de l'enquête. Visiblement moins circonspect que ses prédécesseurs, Tayeb Zitouni promet, donc, d'opérer un assainissement dans le fichier des moudjahidine pour distinguer les vrais des usurpateurs. Le ministre s'exprime aussi sur la délicate question des archives de la Révolution, affirmant que les démarches sont en cours pour la récupération des archives détenues par la France. "Des démarches sont en cours avec le côté français pour la récupération des archives de la guerre de Libération", a-t-il soutenu au cours du même entretien, précisant que "l'Algérie tient à la satisfaction de cette requête". Le ministère a confirmé que des rencontres ont eu lieu entre les deux côtés algérien et français pour examiner cette requête, souhaitant que la partie française manifeste une volonté de le faire. Tayeb Zitouni s'est, par ailleurs, exprimé sur la question de la repentance réclamée de la France pour ses crimes coloniaux. "(...) Le jour viendra où la France présentera ses excuses et reconnaîtra ses crimes perpétrés contre le peuple algérien", a-t-il souligné, mettant l'accent sur l'importance de l'attachement de la société civile à son droit de réclamer les excuses après le recueil de tous les détails de la guerre de Libération. Le ministre a aussi relevé que la position française à l'égard des crimes commis à l'encontre du peuple algérien a "évolué", en témoigne la visite du secrétaire d'Etat aux Affaires des anciens combattants qui s'est recueilli à la mémoire du premier martyr des massacres du 8 Mai 1945. "Cette position constitue un pas de la partie française vers la reconnaissance des massacres et des crimes perpétrés par le colon français contre le peuple algérien", a-t-il affirmé. Evoquant la commémoration du double anniversaire de la Journée nationale du moudjahid (20 Août 1955) et du Congrès de la Soummam (20 Août 1956), le ministre des Moudjahidine a annoncé des festivités exceptionnelles. Au programme de ces festivités commémoratives, des rencontres directes entre des moudjahidine et des jeunes, ainsi que des tables rondes. Il a cité, également, la projection de films documentaires à travers l'ensemble du territoire national et l'organisation de colloques et de conférences pour permettre aux générations montantes de prendre connaissance de l'évènement et de l'histoire de la Révolution du 1er Novembre. R. N.