Pour la première fois, la mission onusienne a épinglé ouvertement les groupes pro-gouvernementaux qu'elle a menacés de sanctions. Mais Bamako voit les choses différemment. La Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) a suspendu sa participation à la commission chargée du suivi de la mise en œuvre de l'Accord d'Alger à Bamako, a annoncé hier un de ses représentants, Sidi Brahim Ould Sidati, à la chaîne de radio britannique BBC. La CMA a conditionné son retour à la table des discussions par le retrait des groupes pro-gouvernementaux de la localité d'Anéfis, près de Kidal, affirmant que "tant que sur le terrain il n'y a pas d'autres violations de cessez-le-feu", la Coordination est prête à jouer le jeu du dialogue politique, selon la BBC. Mais le groupes pro-Bamako, à leur tête le Groupe d'autodéfense des Touareg de l'Imeghad et alliés (Gatia, membre de la Plateforme d'Alger) de Fahad Ag al-Mahmoud, ne compte pas céder à cette exigence, selon la presse malienne. Alors que la quatrième réunion du comité de suivi de l'Accord d'Alger était prévue pour hier, Gatia a affirmé que ses troupes ne quitteront pas Anéfis avant le déploiement des soldats des Forces armées maliennes (Fama). Les mouvements armés de la Plateforme contrôlent Anéfis et les localités environnantes depuis le 15 août, après avoir livré de meurtriers combats contre leurs rivaux de la CMA, faisant plusieurs morts dans les deux camps et des blessés. Hier, la mission de maintien de la paix onusienne, également membre de la médiation internationale conduite par l'Algérie, a rendu public un communiqué laconique dans lequel elle a appelé tous les acteurs de cette crise à revenir à la table des discussions. Tout en réitérant sa condamnations des violations de l'accord de cessez-le-feu et des arrangements sécuritaires que tous les mouvements du nord du Mali avaient signés à Alger le 6 juin dernier, la Minusma a rappelé qu'en tant que "garante de la mise en œuvre de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, (elle) demeure préoccupée par la dégradation de la situation sécuritaire". La Minusma "rappelle à ces parties (Plateforme d'Alger, ndlr) la nécessité du strict respect des engagements souscrits dans l'accord de paix, particulièrement ceux relatifs à la cessation des hostilités". Ce pourquoi Gatia et ses alliés au sein de la Plateforme ont tout simplement été invités "à retourner aux positions qu'elles occupaient à la date du 20 juin 2015 et à poursuivre la mise en œuvre des mesures de confiance, notamment la libération des personnes détenues à l'occasion de ces événements". Pour la première fois, la Minusma a ciblé ouvertement les mouvements pro-Bamako qui essaient de gagner du terrain au détriment des mouvements de la CMA, quitte à outrepasser les accords qu'ils ont signés à Alger et à Bamako. Ces violations flagrantes des accords de cessez-le-feu interviennent à la veille du quatrième round des discussions du comité de suivi de la mise en œuvre de l'Accord d'Alger, qui devait être consacré au volet du désarmement des mouvements du Nord. De quoi se poser des questions sur la volonté réelle des groupes engagés dans les combats de se désaisir de leur arsenal de guerre et mener une lutte commune contre les mouvements terroristes islamistes qui sévissent dans le nord du Mali et les autres pays voisins de la région sahélo-saharienne.