L'ouverture de la session d'automne du Parlement ne se fera pas dans la sérénité voulue. Un groupe parlementaire au moins, celui du Front des forces socialistes (FFS), a fait le choix, politiquement motivé, de ne pas prendre part à la cérémonie. "Les parlementaires du FFS ne participent pas à une cérémonie purement protocolaire d'un Parlement qui persiste dans son incapacité à jouer un autre rôle que celui d'une chambre d'enregistrement", est-il justifié dans un communiqué rendu public hier. Le groupe parlementaire du FFS, qui n'est pas à son premier boycott de cérémonies d'ouverture de sessions parlementaires ou de plénières, a relevé également l'incapacité du Parlement à contrôler l'action du gouvernement, citant en exemple la légifération par ordonnance s'agissant de lois importantes comme la loi de finances complémentaire ou encore le code pénal. "Alors que se mettent en place les signes d'une grave crise économique, il (le Parlement) est incapable de contrôler l'action de l'Exécutif qui préfère légiférer par ordonnances", a noté le communiqué, poursuivant "passer la loi de finances complémentaire (LFC) et l'amendement du code pénal entre deux sessions parlementaires, constitue une violation de l'esprit de la Constitution et du fonctionnement normal des institutions de l'Etat et confirme l'hégémonie de l'Exécutif sur le législatif". Le groupe parlementaire du FFS informe qu'il est "plus judicieux de participer à la conférence économique et sociale qu'organise le parti en ouverture de son université demain (aujourd'hui, ndlr) à Souk El-Tenine, Béjaïa". Cette défection ajoutera par ailleurs à la gêne du gouvernement, critiqué de toutes parts pour, à la fois, "sa fuite en avant" mais aussi son obstination à passer outre l'avis du Parlement concernant la nouvelle démarche économique à laquelle il entend se rendre contraint et forcé. Les députés islamistes, pour peu qu'ils traduisent fidèlement les positions de leurs chapelles partisanes, devraient, eux aussi, s'illustrer dans des oppositions assumées. De même pour l'entité parlementaire du Parti des travailleurs dont la secrétaire générale, Louisa Hanoune, s'est déclarée foncièrement contre la politique d'austérité annoncée, du moins envisagée par l'Exécutif. Larbi Ould Khelifa et Abdelkader Bensalah auront sûrement à gérer des plénières houleuses, au regard des oppositions qui se sont affinées au fil de la crise financière. Cependant, assurés de majorités parlementaires, ils parviendront tout de même à faire valider les copies du gouvernement. En effet, l'Exécutif peut toujours compter sur les parlementaires du FLN et du RND ainsi que sur le tiers présidentiel au Sénat pour satisfaire au mécanisme institutionnel qu'il ne peut passer outre. C'est le cas notamment de la loi de finances 2016 et éventuellement de la révision de la Constitution qui se suffirait, dit-on, de la conférence parlementaire, comme en novembre 2008. S. A. I.