Les dernières informations en provenance de Libye indiquaient que l'émissaire onusien Bernardino Léon allait demander, au cours de sa présence en Turquie, au parlement non reconnu, en l'occurrence le Congrès général national (CGN), de participer aux entretiens. Et c'est la Turquie qui pèse de tout son poids pour que cette instance, contrôlée par les islamistes libyens à travers Fajr Libya, ait la part du lion dans les futures institutions du pouvoir libyen. La présence de Bernardino Léon en Turquie montre clairement qu'Ankara s'impose désormais comme une partie importante dans ce dialogue interlibyen avec comme objectif de faire de Fajr Libya un élément incontournable dans ce processus. Le fait que l'émissaire de l'ONU pour la Libye tente de convaincre à Istanbul les représentants du Congrès général national (CGN), le Parlement non reconnu par la communauté internationale et siégeant à Tripoli, de participer au prochain round de pourparlers destinés à mettre fin à la crise politique dans ce pays est un signe que les pressions turques ne sont pas vaines. Mieux, tout indique que l'empressement de Bernardino Léon à trouver une solution rapide au conflit libyen est exploitée par la Turquie, laquelle héberge sur son sol des représentants de la mouvance islamiste Fajr Libya. Le communiqué de l'ONU publié lundi soir, dans lequel l'émissaire onusien a souligné "l'extrême urgence" d'un règlement politique en Libye, ne laisse planer aucun doute sur la volonté de Bernardino Léon à gagner son pari. Ceci étant, le Congrès général national libyen était absent des derniers pourparlers qui se sont tenus en août dernier à Skhirat (Maroc) pour finaliser les annexes d'un accord portant notamment sur la formation d'un gouvernement d'union nationale dans un pays miné par les rivalités politiques, les violences meurtrières et l'effondrement de l'économie. Depuis, tous les efforts de Bernardino Léon étaient de convaincre les représentants du CGN de parapher ce document, en échange de quoi les modifications réclamées par cette instance libyenne soient adjointes à l'accord de Skhirat. Par ailleurs, l'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour la Libye a appelé à une accélération des négociations, en soulignant que la situation se détériorait en Libye avec "la crise de l'immigration qui provoque un grand nombre de morts", et la poursuite des violences meurtrières avec la montée en puissance du groupe terroriste Daech. Il avait expliqué l'absence du CGN au Maroc par la démission de deux membres de sa délégation et par le temps mis pour "reconstituer une délégation". Le CGN réclame des modifications, avait refusé de ratifier l'accord "de paix et de réconciliation" conclu le 11 juillet et signé par les autres parties à la table des négociations.