La Russie a des intérêts à défendre en Syrie et ne compte pas céder de sitôt à la pression des puissances occidentales qui veulent liquider le régime de Damas sous le couvert de la lutte contre Daech. La crise syrienne est une équation à plusieurs inconnues que personne ne peut actuellement résoudre, en raison de la complexité de la situation et de l'enchevêtrement des enjeux de chacune des parties impliquées dans ce conflit qui a commencé, dans le sillage du "Printemps arabe" en mars 2011. Face à l'aggravation de la situation humanitaire, avec l'augmentation du flux des réfugiés syriens vers l'Europe, l'option d'une intervention militaire étrangère en Syrie devient de plus en plus plausible. Après les Etats-Unis et la Turquie, c'est au tour de la France et de la Grande-Bretagne (tous des membres de l'Otan) d'envisager des frappes aériennes ciblées contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Ei/Daech). Hier, le quotidien britannique The Guardian a rapporté que l'ancien archevêque de Canterbury Lord Carey a estimé qu'il ne suffit plus d'envoyer de l'aide au Proche-Orient, mais il faut que l'effort humanitaire soit accompagné par une action armée pour en finir avec la crise en Syrie. Le Premier ministre britannique, David Cameron, semble, lui aussi, emballé par l'idée de frappes ciblées en Syrie. Son choix doit être soumis aux députés, a-t-il, toutefois, expliqué, alors que la tension monte en Grande-Bretagne sur le traitement de la question de l'accueil des réfugiés syriens. Bizarrement, Forsane al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda dans la péninsule arabique, n'est pas concernée par la lutte des Occidentaux et du voisin turc. Pourtant, ce mouvement terroriste est aussi derrière cette crise des réfugiés syriens qui fuient la mort en Syrie dans l'ultime espoir d'atteindre l'Europe via la Turquie. Dans leur acharnement contre le régime du président Bachar al-Assad, les puissances occidentales, au même titre que leurs alliés arabes dans la région, cherchent depuis le début de la crise syrienne de convaincre la communauté internationale d'autoriser une intervention militaire étrangère en Syrie. Confrontés aux veto russe et chinois, les Etats-Unis et leurs alliés mènent depuis quatre ans une véritable guerre médiatique contre le régime de Damas que Moscou considère comme une partie de la solution, alors que Washington demeure convaincu qu'aucune transition politique n'est possible qu'avec l'élimination d'Al-Assad. Profitant de l'aggravation de la crise humanitaire en Syrie, avec l'augmentation du flux des réfugiés qui déferlent sur l'Europe, les Etats-Unis et l'Arabie saoudite tentent de peser de tout leur poids pour amener le président russe, Vladimir Poutine, à lâcher Bachar al-Assad et oublier l'idée d'une nouvelle coalition internationale à laquelle sera associé le régime de Damas. En vain, pour le moment, car au-delà d'un soutien politique et militaire à la personne d'Al-Assad, son homologue russe cherche à sauvegarder les intérêts de la Russie dans ce pays qui risque de subir le même sort que le Soudan.