Résumé : Alors que Mordjana se morfondait dans son inquiétude, Samir avait régularisé son union avec Ilhem. Trop las pour contacter sa famille, il se rendit à l'appartement de cette dernière pour se reposer. Malika, qui s'était rendue à la maison pour le rencontrer, est surprise d'apprendre, de sa mère, que Samir était absent depuis deux jours. Malika soupire : -Je suis venue m'enquérir justement de ça...Mordjana est très inquiète et m'a demandé de le contacter. Comme je n'arrivais pas à le joindre sur son téléphone, je lui ai promis de venir à la maison pour le rencontrer. -Samir n'est pas là, Malika... S'il n'est pas avec sa femme, où peut-il bien être? La vieille femme se laisse tomber sur une chaise : -As-tu téléphoné à son bureau ? -Oui, bien sûr, mais la secrétaire ignore où il se trouve. Elle m'a même demandé de lui rappeler ses rendez-vous au cas où j'arrivais à le joindre. Elle pousse encore un soupir : -Peut-être est-il quelque part sur un chantier ? -Deux jours durant sans penser à rentrer à la maison ni à téléphoner ? Hasna secoue la tête : -Ton frère a sûrement des ennuis, Malika. -Même dans ce cas, il m'aurait contactée pour me mettre au courant de ses ennuis justement... La vieille femme garde le silence un moment avant de murmurer : -Que Dieu nous préserve du mal... Je n'ose pas encore penser au pire, mais dans vingt-quatre heures, si ton frère ne donne toujours pas signe de vie, nous serons obligées de signaler sa disparition à la police. Malika ne répondit pas. Elle pensait à Mordjana qui se trouvait au Sud, et qui comptait sur elle pour la rassurer. Que va-t-elle lui dire ? Elle prend son portable et l'appelle pour lui passer Hasna à laquelle elle avait recommandé de ne rien révéler sur Samir. Puis elle tente elle-même de tranquilliser sa belle-sœur. Samir travaillait sûrement sur un chantier où le réseau téléphonique était très mauvais, et ne va pas tarder à rentrer à la maison. Mordjana, qui sentait l'inquiétude la gagner de minute en minute, fait promettre à Malika de retrouver son mari et de lui demander de la joindre dans les meilleurs délais. Malika raccroche et lance un regard plein de reproches à sa mère. Hasna avait été trop brève avec Mordjana et Mimouna... Un simple mot de condoléances, comme si les deux femmes étaient de véritables étrangères. -Maman, tu aurais pu être plus sympa avec ta bru et sa grand-mère. Hasna fronce les sourcils : -Tu veux insinuer que j'ai été trop distante ? -Je sais que tu ne portes pas Mordjana dans ton cœur, mais la mort est toujours un visiteur amer. Sa grand-mère Mimouna méritait un peu plus de considération. Hasna hausse les épaules d'un air courroucé : -Je ne suis pas d'humeur à me disputer avec toi sur un sujet qui n'en vaut pas la peine, alors que ton frère est introuvable depuis deux jours. -Mon frère finira bien par montrer le bout de son nez. Il doit être occupé, voilà tout. -Tu ne trouves pas bizarre cette absence ? -Une absence de quarante-huit heures n'est pas bizarre... Tout le monde peut s'absenter pour une raison ou une autre, et couper les ponts momentanément avec sa famille... Je suis certaine que Samir va se montrer d'un moment à l'autre. -Oui, tout comme ton père qui s'absente des jours durant sans donner signe de vie. -Ne mêle pas les choux et les navets, maman... -Les navets ? Tu veux dire que ton père est un navet ? Malika lève les yeux au ciel et implore la clémence de Dieu devant le caractère acâriatre de sa maternelle : -Mère, s'il te plaît, retourne dans ta cuisine ou va faire un petit somme dans ta chambre. Je vais encore tenter de joindre Samir... S'il répond, je lui dirais de rentrer immédiatement à la maison car nous sommes tous inquiets pour lui... Hasna hésite un moment, puis plante Malika au milieu de la cour, et se dirige vers sa chambre. La jeune femme la suit des yeux, avant de reprendre son portable pour former le numéro de son frère. (À suivre) Y. H.