Résumé : Mordjana est triste. Son chagrin est accentué par l'absence de Samir, qui l'abandonne dans un moment où elle avait besoin de son soutien. Maroua tente de la réconforter. Mais sa sœur est soudain prise de vertige. Les longues nuits sans sommeil en sont peut-être la cause. Maroua exhorte sa sœur à se reposer davantage. Mordjana se laisse tomber sur un matelas : -Je vais essayer de dormir une heure ou deux... Si tu as besoin de moi tu n'as qu'à venir me réveiller... -Compte sur moi, lance Maroua qui se dirige vers la sortie, en se disant que même si un tremblement de terre survenait, elle ne dérangerait pas sa sœur, qui, plus que quiconque, s'était trop dépensée ces dernières semaines. -Heu... Tu veux t'occuper un peu d'Amir ? Il va sûrement chercher après moi... -Pas de souci Mordjana... Le petit joue avec mes enfants... Je les ai tous à l'œil... Allez, repose-toi, je reviendrais plus tard. Elle quitte la chambre et ferme la porte derrière elle. Des femmes entouraient Mimouna dans l'autre pièce, et Maroua se dépêche d'aller préparer du café, du thé... Son père Ahmed, qui semblait émerger d'un long sommeil, n'a pas quitté la maison depuis son arrivée, hormis pour se rendre au cimetière. Il avait supplanté sa mère dans l'organisation de l'enterrement, et recevait les gens d'un air solennel qui remettait en cause tout le mal qu'on pensait de lui. Ahmed retrouvait peu à peu sa sérénité et sa responsabilité. Après quoi ? se demande Maroua qui l'observait du coin de l'œil, alors qu'il discutait avec quelques hommes à l'orée de la courette. Amir vint demander un morceau de galette, puis repart jouer avec ses cousins. Maroua ébauche un sourire. Cet enfant est vraiment tombé au bon moment... Il est adorable et très attaché à sa mère adoptive. Elle aussi est très réceptive et très attentionnée envers lui. La vie est parfois clémente tout de même, se dit la jeune femme, en éteignant le réchaud sur lequel elle venait de préparer le café et le thé. Elle dépose de petites tasses sur un grand plateau, et appelle son frère Laïd pour servir du thé aux hommes, avant d'aller elle-même servir les femmes entassées dans la chambre de Mimouna On était presque à la mi-journée. Des voisines s'occupent du repas et de la lessive. Maroua les aide à étendre le linge propre, avant d'aller dresser des tables dans la cour. Amir vint demander après sa maman, et elle le rassure autant qu'elle le put. Mais le petit ne l'écoutait pas. Il se laisse tomber sur le sol, et se met à sangloter. -Maman... Maman... Je veux maman... Maroua le soulève dans ses bras : -Maman fait dodo. Elle est fatiguée... Tu vas manger puis faire la sieste avec Momo et Farid... -Non, pas manger, pas faire la sieste... Je veux maman ! Il se remet à pleurer à chaudes larmes. Maroua le prend un moment dans ses bras. Puis, voyant qu'il redoublait de sanglots, elle le dépose par terre et lui prend la main pour se diriger à contre-cœur vers la chambre où dormait sa sœur. Elle met un doigt sur ses lèvres et se penche vers Amir : -Chut... Arrête de pleurer... Nous allons voir si maman est réveillée.. Un peu rassuré, Amir serre davantage sa main, et la suit. Maroua ouvrit tout doucement la porte de la chambre et tendit son cou : -Mordjana, tu dors ? La jeune femme ne répondit pas... Maroua allait faire demi-tour, lorsqu'elle entendit sa sœur vomir. Elle ouvrit alors la porte toute grande et s'écrie : -Mordjana ? Tu es malade ? La jeune femme ne put répondre. Les vomis l'étouffaient. Maroua courut vers elle pour lui soulever la tête : -Redresse-toi... Redresse-toi, Mordjana... Elle l'aide à s'asseoir, et lui maintient la tête : -Allez, vide ton estomac... Tu as dû manger quelque chose qui n'est pas passé. Mordjana se remet à vomir ses entrailles, puis, épuisée, se laisse retomber sur sa couche. Amir court vers elle, et elle le repousse d'une main afin qu'il ne marche pas sur les vomis qui éclaboussaient le sol : -Eloigne-toi de là mon petit... Maroua se lève et va chercher un seau d'eau et une serpillière pour tout nettoyer. Mais Mordjana se remet à vomir de plus belle, et elle dut mettre une petite bassine devant elle : -Tu commences à m'inquiéter sérieusement Mordjana... Je ne t'ai jamais vue dans cet état. Mordjana, le teint pâle et les yeux cernés, porte une main à son ventre puis à sa tête : -Maroua, découpe un citron en rondelles et retiens-les autour de ma tête avec un foulard... Je crois que j'ai pris un coup de soleil... (À suivre) Y. H.