Résumé : Mordjana a pu enfin joindre son mari. Samir est confus et ne savait comment argumenter ce silence qui a duré deux longues journées. Il est désolé d'apprendre le décès du vieil Ameur, et promet à sa femme de la rejoindre au Sud le week-end. Il se rappelle alors Ilhem et se rend à la clinique. Cette dernière luttait toujours contre la mort... Pour se donner du courage, il repasse par la nurserie, et découvre que les bébés avaient été bien pris en charge. On venait de les changer, et de les nourrir avec une sonde, et ils semblaient dormir d'un sommeil serein. Pour eux, le danger était écarté. Le pédiatre l'avait rassuré. Encore une journée ou deux, et on pourra les faire sortir de leur couveuse. On va cependant les garder en observation, car leur système immunitaire n'était pas encore capable de les défendre contre le monde extérieur. Enfin une bonne nouvelle, se dit Samir, qui se rembrunit aussitôt. Si Ilhem mourrait, il aura les deux bébés sur les bras ! Comment fera-t-il alors pour les garder, les élever, les éduquer ? Il secoue sa tête. Pourquoi s'encombrer de telles idées ? Ilhem pourra récupérer, et prendre ses enfants chez elle... Heu... Leurs enfants... Il avait prénommé le garçon Skander, et la fille Rhénade... Des prénoms qui lui sont venus comme ça, alors qu'il s'était rendu à la mairie pour les inscrire... La préposée au guichet lui avait certifié que c'était de très beaux prénoms... Si Ilhem veut les changer, il n'y trouvera aucun inconvénient. Pour le moment, son cerveau était saturé, et il se dit qu'il devrait rentrer sans tarder à la maison où sa mère doit s'inquiéter de son absence. Il sursaute... Deux jours durant, il avait oublié jusqu'à son existence ! Il ressorti dans le couloir et prend son téléphone pour appeler Hasna. À la première sonnerie, Malika lui répond : -Samir ? Samir, c'est toi ? Où te caches-tu donc ? Il prend une longue aspiration avant de répondre : -Malika... Je ne suis pas trop loin... Je suis désolé pour mon inconscience... J'aurais dû vous appeler plus tôt... Comment va maman ? -Tu dois deviner qu'elle est dans tous ses états... J'ai dû lui donner un sédatif pour l'endormir... Mordjana aussi n'a cessé d'appeler, et je ne savais pas quoi lui répondre... Je t'apprends qu'elle a perdu son grand-père... -Je le sais... -Elle a donc pu te joindre... -Oui... Heu... J'étais un peu pris dans l'engrenage de mon boulot... J'avais éteint mon portable et oublié de le rallumer... Ce n'est que ce soir que je me suis aperçu de ma bévue... Malika soupire : -Heureusement que nos craintes n'étaient pas justifiées... Je vais rassurer maman dès qu'elle se réveillera. Heu... Tu... Tu ne comptes pas te rendre au Sud pour rencontrer la famille de Mordjana et lui présenter tes condoléances ? - Si, bien sûr... Je vais m'y rendre le week-end prochain... -J'aimerais t'y accompagner.. -Hein ? Tu crois que c'est nécessaire ? -Voyons Samir... Mordjana est ma belle-sœur...Nous nous entendons très bien toutes les deux, et j'aimerais la soutenir dans cette dure épreuve. -Heu... Oui... Je n'y vois aucun inconvénient.... Il hésite un moment avant de poursuivre : -Malika, j'aimerais te rencontrer et te parler...J'ai des choses à te confier... Je... Je me sens comme perdu durant ces deux derniers jours... Malika avait relevé le ton hésitant de son frère, et sentit le tremblement de sa voix... Samir avait des ennuis... Elle n'en doutait plus : -Que se passe-t-il Samir ? Qu'as-tu donc mon frère ? Je savais que quelque chose n'allait pas... Ton absence n'était pas fortuite.. Il soupire : -Si tu savais ce qui m'est arrivé, Malika... Si tu savais.... -De quoi s'agit-il ? Tu n'as tout de même pas tué quelqu'un... Il soupire encore : -Non, je n'ai tué personne... C'est plutôt moi qui meurs à petit feu ces derniers jours... Malika sentit son sang se glacer... Samir n'avait pas l'habitude de démontrer sa faiblesse... -Raconte-donc... Ne me fais pas languir, tu me rends nerveuse... -Je ne pourrais rien te dire pour le moment... Il se fait tard. Tu devrais aller dormir un peu... Si tout va bien, je viendrais au petit matin à la maison, et nous pourrons discuter. -Où te trouves-tu en ce moment ? -À la clinique... -À la clinique ! Quelle clinique ? Tu es souffrant ? -Non, rassure-toi... Je suis là pour Ilhem... -Ilhem... Ton ex-fiancée ? Elle est malade ? -Heu... Oui... Elle est en réanimation... -En réanimation ? Pourquoi ? Qu'a-t-elle d'aussi grave pour se retrouver dans un tel service ? (À suivre) Y. H.