Résumé : Epuisé, Samir s'endormit sans demander son reste. Il ne se réveillera qu'à la nuit tombée. Mordjana le rejoint pour lui apprendre qu'on l'attendait pour le dîner. Mimouna est enfin plus sereine depuis sa venue et celle de leurs deux voisins. Samir, qui était sur le point d'appeler la clinique, se ravise et parle à sa femme de son père Ahmed... Il hoche la tête : -Oui... Je me demandais justement comment il se trouvait là... Mon père m'avait dit qu'ils n'étaient plus en contact... On dirait que le tien a enfin pris conscience de ses erreurs... Mordjana soupire : -Oui... Mais après quoi... ? Grand-père est parti le cœur gros... Il voulait tellement le revoir avant de rendre l'âme... Hélas ! quand mon père est arrivé, il n'était plus de ce monde. -Tout de même, Ahmed a pu assister à l'enterrement. C'est déjà une prouesse de sa part. -Tu peux le dire... Personne n'aurait pensé qu'il allait tomber à pic pour enterrer son père et recevoir les condoléances... Les gens affluaient de partout, et s'adressaient à lui en se demandant s'ils devaient croire au retour définitif de ce fils prodigue... Samir se lève, rajuste son pantalon, et prend sa veste : -Les voies du seigneur sont impénétrables... Moi-même je ne croyais pas trop aux miracles... Mordjana l'interrompt : -Et pourtant, ils existent bien... Elle rit : -Allons dîner. J'ai préparé un succulent couscous à la viande de chèvre... Tu vas aimer... -Sans doute... J'ai tellement faim que je suis prêt à manger seul toute une chèvre. Elle rit encore : -Je suis tellement heureuse de te voir enfin parmi nous... Tu m'as tant manquée, Samir. Il lui entoure les épaules, et l'entraîne vers la sortie : -À moi aussi, ma chérie... Le dîner se déroula dans une ambiance très détendue. Mimouna reprenait confiance à la vue de tous ces gens autour d'elle. Elle avait évoqué les temps anciens où elle et Ameur, en bons voisins, invitaient leur entourage à partager leur dîner et leurs soirées... C'était une coutume bien ancrée dans les mœurs de cette époque révolue... Ah ! le bon vieux temps ! On était au dessert. Maroua avait déposé des dattes et des gâteaux sur la table, et Mordjana servait café et thé pour tout le monde. Samir avait envie de fumer... Il lance un coup d'œil interrogateur à sa femme, qui hoche la tête. Il s'excuse et se lève pour sortir dans la cour. Il porte la main à sa poche, et se rendit compte qu'il avait laissé ses cigarettes et son portable dans la chambre. -Mordjana... Mordjana... La jeune femme, qui venait de sortir du salon, accourt : -Oui, Samir... Tu as besoin de quelque chose ? -Veux-tu me ramener mes cigarettes et mon portable... Ils sont sur la table basse, dans la chambre où j'ai dormi... -Bien sûr, attends que je dépose ces assiettes dans la cuisine. Amir jouait à cache-cache avec les enfants de Maroua, et le jeune homme sourit en le voyant courir à droite et à gauche. Amir semblait en forme. Il avait même grandi de quelques centimètres, et ses cheveux, un peu longs, ondulaient autour de son cou et lui donnaient un air angélique. -Tiens, voici ton paquet de cigarettes Samir. -Et le portable ? -Oh ! Je l'ai oublié... Je vais aller le... -Non... J'y vais... Je ne voulais pas me hasarder à entrer dans cette chambre au cas où quelqu'un s'y trouverait... -Il n'y a personne... Tu peux y aller... Samir allume tout d'abord une cigarette et aspire un bon coup avant de rejeter une épaisse fumée. Il sourit à Amir qui passait devant lui, puis se dirige vers la chambre pour récupérer son portable. Il venait à peine d'ouvrir la porte qu'il entendit la sonnerie du mobile. Il se hâte de décrocher. C'était Malika. Les jumeaux avaient de la fièvre et refusaient de s'allaiter. Samir referme hâtivement la porte de la chambre, et lance d'une voix angoissée : -Tu penses qu'ils vont mourir ? Malika soupire : -Pourquoi es-tu aussi pessimiste Samir... Ces petits sont fragiles, certes mais n'oublie pas que c'est des jumeaux... Mais de là à penser à les perdre tous les deux, tu exagères... Je crois plutôt qu'ils ont besoin de leur mère. Les bébés ressentent facilement le vide maternel... Si la fièvre ne tombe pas, je vais appeler un médecin. -Qu'attends-tu pour le faire ? -Cesse de t'angoisser... Tu vas te rendre malade pour rien... Je sais ce que je dois faire. J'ai déjà deux enfants, rappelle-toi. -Oui... Mais tu dis qu'ils refusent de s'alimenter... -C'est normal. La fièvre les fatigue... -Comment se fait-il qu'ils soient fiévreux tous les deux en même temps ? -Je n'en sais rien. On dit que c'est l'un des mystères des jumeaux. Si l'un pleure, l'autre le suit, si l'un dort, l'autre en fait de même, si l'un se réveille l'autre aussi. Ce doit être la même chose pour le reste... -Je te suggère alors d'appeler tout de suite un médecin... Je ne veux pas attendre le matin... Malika hésite puis lance : -Je vais appeler tout de suite le pédiatre de mes enfants... (À suivre) Y. H.