M. Louadfel, P-DG de BCR : “La contrefaçon a pris de l'ampleur à partir de 1998” “La contrefaçon dont a été victime BCR a été relevée vers les années 1994-1995, c'est-à-dire après que le dispositif légal et réglementaire qui consacre l'ouverture du marché a été mis en place. Mais ce phénomène n'a pris de l'ampleur qu'à partir de 1998 avec l'importation massive des articles de robinetterie, de coutellerie et de boulonnerie par des intervenants occasionnels et non professionnels. Il s'agit, pour nous, de l'usage frauduleux de la marque BCR sur des produits identiques à ceux de l'entreprise, mais non fabriqués et commercialisés par l'entreprise. Le fléau se traduit également par l'imitation de modèles et de dessins d'articles créés par BCR et protégés. Nous sommes conscients que la contrefaçon est une donnée inhérente au libre exercice du commerce, mais c'est son étendue et ses conséquences sur l'emploi et sur le consommateur qui nous préoccupent. Des articles de boulonnerie, de robinetterie et de coutellerie non conformes aux normes internationales sont distribués sur le marché en volumes importants. Quatre parties sont responsables, à des degrés différents, du constat et de la sanction des actes qualifiés par la loi de contrefaçon. Il s'agit des opérateurs économiques, des services du ministère du Commerce, de l'administration des douanes et des juridictions compétentes… Pour cela, nous avons lancé en juin 2002 et avril 2004 une vaste opération de formation d'inspecteurs à un contrôle spécialisé…” M. Belbari, DG de Microsoft Algérie : “86% des licences sont piratés” “Le piratage des logiciels Microsoft se fait par les revendeurs et au sein même des entreprises. Plus de 36% des licences Microsoft sont piratés dans le monde. En Algérie, ce phénomène a atteint 84%. Ce qui engendre quelque 50 millions de dollars de pertes pour les entreprises algériennes annuellement. Ajouter à cela les pertes pour le Trésor public.” Le DG de Schneider Algérie : “Les faux disjoncteurs représentent 75% du marché” “Des copies de disjoncteurs de notre marque sont importés de l'Extrême ou Moyen-Orient et entrent en Algérie. La contrefaçon pour ce produit représente plus de 75% du marché national.” M. Madjour, P-DG de la SNTA : “Une perte de 8% du chiffre d'affaires” “La SNTA subit une agression terrible sur le marché de la cigarette en Algérie. Ce qui a provoqué une baisse de 8% du chiffre d'affaires entre 2004 par rapport à 2003.” M. Moula, P-DG des Laboratoires Vénus : “Nous avons pu localiser la source” “La contrefaçon intervient malheureusement au moment où l'entreprise arrive à un niveau considérable dans la qualité. Nous avons été informés à travers les réclamations de consommateurs qui nous ont signalé un changement dans la qualité de nos produits. Nous avons pu localiser la source de la contrefaçon qui a ciblé nos produits.” M. Loudvic, représentant d'Osram, multinationale spécialisée dans les ampoules : “16 conteneurs saisis” “Plus de 80% des ampoules contrefaites viennent de Chine. Depuis l'année 2000 déjà le constat a été établi. Les gens gagnent une marge importante dans ce trafic. Seize conteneurs ont été saisis par les douanes actuellement. Il faut impérativement ordonner la destruction de ces ampoules contrefaites. Cette saisie nous a permis de remonter la filière jusqu'à la Chine. Plus de 56 000 lampes ont été saisies également en Chine.” M. Rédha Hamiani, industriel dans le textile : “La production chinoise baisse les prix” “Un vêtement sur deux vendus aux Etats-Unis est produit en Chine. Un vêtement sur trois commercialisés en Europe est également fabriqué en Chine. Cette production chinoise baisse les prix des articles (l'habillement) à raison de 25%.” Professeur Mansouri : “Pas de contrefaçon dans le médicament” “En Algérie, il n'existe pas de produits pharmaceutiques contrefaits. Mais il peut y avoir des produits non conformes. Depuis 1995 à ce jour, sur les 25 000 lots (un lot représente 30 000 unités), la conformité était estimée à 13%. Actuellement, la non-conformité est de l'ordre de 0,003% et de 0% de contrefaçon.” Mohamed Siad, P-DG des établissements Siad : “Elle cause 12 handicapés/jour” “La contrefaçon dans la pièce de rechange automobile est un fléau qui touche à la santé et à la sécurité de l'automobiliste. À cause des produits contrefaits venus de l'étranger, il est enregistré quelque 12 handicapés/jour. Elle touche tous les domaines mais ceux-ci doivent être classés par degré. Il faut commencer d'abord par la contrefaçon qui porte atteinte à la santé et à la sécurité du consommateur. Les pouvoirs publics sont conscients de ce problème. Les douanes au port d'Alger arrivent à freiner ce problème en ce qui concerne la pièce de rechange contrefaite. Il faut aller plus dans la sensibilisation des consommateurs en premier lieu et de tous les investisseurs dans le domaine. La catégorie des artisans mécaniciens et carrossiers, au nombre de 40 000 en Algérie, doit être sensibilisée en priorité. Il faut, par ailleurs, songer à modifier les clauses des contrats des compagnies d'assurances avec les conducteurs. Pourquoi ne pas ajouter une clause qui stipule que le client n'est pas remboursé s'il est avéré que la pièce à l'origine de l'accident est contrefaite. Les consommateurs doivent s'approvisionner chez les professionnels. La contrefaçon est l'affaire de tous.” M. Zemmouri, directeur de la lutte contre la fraude : “Fausses cigarettes Rym produites au Mali” “L'administration des douanes a une mission fiscale, économique et sécuritaire. L'essentiel de la contrefaçon passe les douanes, mais aussi à travers la contrebande. À titre d'exemple, des cigarettes Rym fabriquées au Mali et au Niger sont introduites en Algérie. La contrefaçon représente près de 10% du commerce international, soit plus de 150 milliards de dollars US/an. Nous réagissons par une intervention sur requête de la victime en collaboration avec l'INAPI à ce propos, nous passons au blocage du produit. Nous intervenons, en outre, d'office lorsque nous constatons que le produit est contrefait.” B. K.