Préjudice n Le phénomène de la contrefaçon a commencé à toucher les produits de l'entreprise BCR depuis 1994 et a pris une dimension particulière à partir de 1998. L'entreprise de Boulonnerie, coutellerie et robinetterie (BCR) enregistre chaque année une perte de l'ordre de 500 millions de dinars sur son chiffre d'affaires à cause du phénomène de la contrefaçon qui touche ses produits. C'est un véritable cri de détresse que le président-directeur général de l'entreprise a lancé ce matin sur les ondes de la chaîne III de la radio algérienne en décortiquant les détails des préjudices subis. «Si nous considérons, explique Mohamed El-Hadi Louadfel, que la marge bénéficiaire est de 20 % du chiffre d'affaires, nous enregistrons en moyenne une perte de rentabilité de l'ordre de 100 millions de dinars par an.» Dans une sortie précédente, des responsables de l'entreprise avaient déjà tiré la sonnette d'alarme en mettant en garde sur le fait que la société sera contrainte de mettre la clé sous le paillasson dans cinq ans si rien n'est fait pour mettre un terme à cette situation. Aussi, Le P-DG insiste-t-il sur la nécessité de tout mettre en œuvre pour endiguer le phénomène qui «représente 10% de l'économie mondiale et évolue à hauteur de 300 milliards d'euros chaque année.» A plus forte raison lorsqu'il touche des produits très sensibles pour la sécurité du consommateur, comme c'est le cas pour les produits de BCR, notamment les robinets de gaz : «Vous imaginez les conséquences d'une installation contrefaite…». Dans son analyse de la situation, M. Louadfel est catégorique quant à l'origine des produits contrefaits : ils proviennent généralement de l'étranger principalement des pays asiatiques, de Chine notamment, en transitant par des plateformes commerciales comme Dubaï et la Turquie. Le contrôle doit, donc, se faire au niveau des ports et des frontières par les services des Douanes. Dans cette optique, un accord vient justement d'être signé entre cette institution et l'entreprise et en vertu duquel l'entreprise assurera des formations aux agents et officiers des Douanes sur les caractéristiques et le processus de fabrication de ces produits afin de leur permettre de distinguer le vrai du faux lors des opérations de contrôle. Même si le P-DG reconnaît la difficulté de la tâche du fait que «les contrefacteurs développent un tel génie à copier l'original, qu'un consommateur non averti ne saura jamais faire la différence entre le vrai et le faux.» La contrefaçon des produits de BCR ne date pas d'aujourd'hui. M. Louadfel rappelle qu'elle remonte à plus d'une décennie, à 1994 précisément et a pris une dimension particulière depuis 1998. Le responsable ne considère pas l'accord signé avec la direction générale des Douanes comme une finalité, mais comme une étape importante dans la lutte contre la contrefaçon. Selon lui si le phénomène a pris les dimensions que l'on sait ce n'est pas à cause de l'absence de l'Etat. «C'est plutôt à cause du manque de concertation entre les différentes parties concernées, comme les Douanes, les services du commerce, la justice…» 120 000 logements à équiper par an l Le processus restructuration de BCR consiste en la filialisation par métiers de ses unités de production. Cette opération a fait que des «entreprises de renom international» sont intéressées par un partenariat avec la société. Elles sont d'ailleurs en discussion avec la SGP en vue de trouver les meilleures voies pour concrétiser cette option. Le P-DG affirme que, dans une première phase, le partenariat concernera les métiers de la robinetterie et de la boulonnerie pour s'étendre par la suite à la coutellerie. «Le processus va être clôturé d'ici à la fin 2007», révèle M. Louadfel qui précise que cela va permettre à la société d'avoir une capacité d'équiper 120 000 logements par an en matière de robinetteries et d'éviers de cuisine, de disposer d'une capacité de production de 8 000 tonnes de boulons destinés pour une bonne part aux chemins de fer et de 40 millions de pièces de coutellerie par an.