Résumé : La jeune paysanne se retrouve à la rue. Elle est hébergée la première nuit dans une pizzeria. Le lendemain, elle fera du porte-à-porte pour chercher du boulot. En vain. En fin de journée, lasse et fatiguée, elle s'arrête devant un grand magasin. Ferroudja ne savait plus quoi faire, ni où se rendre. Plongée dans ses réflexions, elle ne fait d'abord pas attention aux signes que lui faisait une dame. Puis dans un sursaut, elle se rendit compte qu'on l'appelait. -Hé ! Toi là-bas ! Ferroudja fait volte-face et regarde dans la direction de la voix. Elle vit alors une femme d'âge moyen lui faire signe. -Moi ? -Oui, toi. Viens par ici. Ferroudja prit peur et s'avança d'un pas hésitant vers la femme. -Viens, dépêche-toi. J'ai des paquets dans le magasin, tu veux bien m'aider à les mettre dans le coffre de la voiture ? Ferroudja ne se le fait pas répéter deux fois. Elle dépose son balluchon sur le bord du trottoir et suit la dame à l'intérieur du magasin. -Bon. Voyons... Commençons par les plus grands. La dame avait apparemment dépensé une fortune dans les achats vestimentaires. Elle devait aussi être une habituée des lieux, puisqu'ici tout le monde est aux petits soins avec elle. -Voilà, je crois que tout y est, dit-elle en refermant la malle de son véhicule. Donne les deux boîtes qui restent, je crois qu'on pourrait les mettre sur le siège arrière avec les chapeaux. Ferroudja referme la portière du véhicule, puis se retourne pour récupérer son balluchon sur le trottoir. Un froid glacial s'empare d'elle : son balluchon avait disparu comme par enchantement. La jeune fille se fige. Elle regarde d'un œil absent le beau billet de banque que lui tendait la dame. -Tiens ma fille, prends ! Tu mérites bien une petite récompense. Ferroudja regardait toujours sans rien voir. On lui avait volé son balluchon. Sa naïveté lui avait encore joué un autre mauvais tour. Le balluchon contenait toute sa fortune : un pull en laine, une robe longue et un foulard. Le froid commençait à l'assaillir et elle avait envie de pleurer. -Mais qu'est-ce que tu as ?, lui demande la dame. Tu veux un autre billet ? Très bien. Elle se remet à farfouiller dans son sac, mais Ferroudja arrête d'un geste : -Non madame. Ce n'est pas pour le billet. C'est mon balluchon. -Le balluchon ? Mais quel balluchon ? -J'ai perdu mes affaires. J'ai déposé mon balluchon sur ce trottoir pour vous aider, et il a disparu. Je crois qu'on vient de me le voler. Des larmes d'amertume coulaient maintenant sur son visage. Compatissante, la dame se rapproche d'elle : -Pauvre fille. Allez, viens, je vais te déposer chez toi. Tu habites loin ? -Oui. Même très loin. -Très loin ? Tu n'es pas d'Alger ? -Je suis venue à Alger chercher du travail pour aider ma famille. Je vais mourir de froid, je n'ai plus que les vêtements que je porte. (À suivre) Y. H.