RESUME : Elle rassura Farid, en lui disant que Krimo reviendrait. En retournant à l'intérieur de la maison, elle vit Rabah. Ils vont discuter dans le salon. Elle lui apprit que Krimo n'était pas au courant. Rabah réalisa en avoir trop dit. Ferroudja a peur en le voyant s'en prendre à lui-même… -Il va sûrement chercher à le prendre chez lui, s'écria Rabah. Il ne peut pas me faire ça ! Je ne vais pas le laisser faire ! Il va m'enlever Farid ! Farid… Les épaules de Rabah s'affaissèrent. L'homme alla s'asseoir et pleurait d'impuissance, les poings serrés. Ferroudja ne s'approcha pas de lui. Elle comprit pourquoi un malaise l'avait saisie. C'était dû à l'angoisse de Rabah, celle qu'il lui avait cachée, qui avait grondé en lui jusqu'à éclater maintenant. Il le lui avait dit. Il avait peur que Krimo lui enlève Farid. Ferroudja comprenait qu'il aimait Farid comme le fils qu'il n'avait jamais eu. Il y avait déjà douze ans que Farid vivait chez lui. Zohra avait été une mère pour lui. Il n'avait manqué de rien. Farid avait grandi entre sa famille adoptive durant la semaine, et les fins de semaine il les avait toujours partagées avec elle, sa mère. - Il faut que tu lui demandes d'y renoncer ! la pria Rabah qui se reprenait. Farid est tout pour nous… Qu'est-ce que je deviendrai sans lui ? Je donnerai tout ce que j'ai, mais qu'on me laisse Farid !... C'est mon fils à moi aussi ! Ferroudja, est-ce que tu feras quelque chose pour m'aider ? On pourrait porter plainte contre lui ? proposa Rabah dont le visage s'éclaira à cette idée. Je connais deux gendarmes, ils nous aideront… Ferroudja était livide. Rabah s'était tu en la voyant écarquiller les yeux. Tout ce qu'il lui avait dit ne lui avait pas plu. Il le lisait aux lueurs de ses yeux. - Pourquoi ? Tu veux reprendre avec lui ? s'écria-t-il, surpris. C'est un bon à rien… Il n'a pas hésité à te déshonorer alors que tu n'avais que vingt ans ! Alors qu'il savait que ton défunt père te destinait à un autre ! S'il avait été sincère et honnête, il aurait attendu quelques semaines avant de partir pour l'étranger… Pourquoi ne m'as-tu pas dit qu'il était de retour ? - Je ne voulais pas vous décevoir, lui avoua-t-elle. Mais j'avais fini par décider de rompre… Enfin j'avais accepté de sacrifier notre amour pour votre amitié… Je ne voulais pas perdre votre estime après toutes ces années… même si je l'aime… - Tu ne vas pas recommencer les mêmes erreurs ? s'écria Rabah. Ferroudja, tu as trente-cinq ans… tu en as vu de toutes les couleurs ! Pourquoi reviendrais-tu sur tes promesses ? Tu nous avais promis de laisser Farid ici… de ne venir que pour lui rendre visite les vendredis. Ne me dis pas que tu vas revenir là-dessus, que tu vas me l'enlever ? Ferroudja respira profondément et toussa pour s'éclaircir la gorge. Ce fut avec douceur et fermeté qu'elle lui répondit : - Farid est aussi mon fils… et celui de Krimo… Parce qu'il m'aime, il n'a pas hésité depuis son retour d'Allemagne à mettre son amour-propre de côté… Il a tout accepté de moi… Je le voyais quand je voulais, où je voulais et combien de temps je voulais. Il a été sincère et honnête avec moi… Il m'a demandé en mariage… S'il est parti en France, c'est pour y faire fortune ! - Et parce qu'il n'est bon qu'à créer des problèmes, il n'a pas réussi, n'est-ce pas ? - En effet, il n'a pas eu cette chance, reconnut Ferroudja. Mais il a gardé la tête froide, et c'est grâce à sa volonté et son courage qu'il a su se reprendre et revenir au pays… pour essayer de tout reprendre… Il tente aujourd'hui de réaliser les rêves de ses vingt ans… Et, ajouta Ferroudja, je suis persuadée qu'il réussira… - Donc, tu vas le rejoindre ? gémit Rabah. Ferroudja hocha la tête. Elle tenta de ne rien laisser paraître de son angoisse quand il lui déclara : - Si tu emmènes Farid, j'irai trouver ce bon à rien et je lui dirai tout ce qu'il ignore ! (À suivre) A. K.