La 18e tripartite, qui a été une occasion pour les participants à cette rencontre de cautionner le statu quo au plan économique sur fond de discours lénifiant, n'a rien apporté de nouveau. Après avoir examiné le rapport du comité national de suivi des engagements du pacte économique et social, les participants ont marqué leur satisfaction quant aux avancées significatives enregistrées dans la mise en œuvre des différents segments du pacte de croissance. Dans son discours inaugural, Sellal a affirmé : "Le Pacte national économique et social pour la croissance a scellé ce consensus entre patronat, syndicat et exécutif en faveur de la croissance et de l'édification d'une économie émergente, élément central du programme présidentiel... En effet et face à la contraction des ressources financières, le réflexe primaire ainsi que le calcul froid et cynique prôné par certains analystes voulaient que l'on procède de la manière la plus basique : si les revenus ont baissé de 47% sur l'année écoulée, des coupes dans les mêmes proportions doivent être opérées sur les dépenses, notamment celles non productives, à savoir les transferts sociaux. Cette arithmétique macabre ne tient pas compte de la nature sociale et démocrate de l'Etat algérien moderne voulue par ses pères fondateurs et exprimée dans l'appel du 1er novembre 1954. La gestion rationnelle des finances publiques et les décisions d'anticipation prises permettent à l'Algérie de mieux encaisser la baisse brutale des prix du pétrole. À nous maintenant de transformer cette capacité de résilience en levier de transformation de notre économie vers la création de richesses et d'emplois." C'est là un beau discours avec lequel on ne peut qu'être d'accord, d'autant que beaucoup de réalisations socioéconomiques ont été concrétisées (éducation, enseignement supérieur, santé, logements...). Même s'il est empreint de connotations "populistes" et vise à calmer le front social face à la crise, il n'en demeure pas moins qu'il s'inspire de la réalité historique de notre pays. La tripartite a finalement adopté un certain nombre de résolutions de portée générale. Il s'agit notamment de la révision de l'article 87 bis de la loi relative aux relations du travail, de l'identification des secteurs prioritaires bénéficiant du soutien public, de l'appui multidimensionnel à l'activité productive, notamment à travers la réduction de la pression fiscale, de l'encouragement de l'investissement productif et la protection des industries naissantes, de l'assouplissement des modes de gestion du foncier économique et l'accroissement de l'offre nationale en la matière, de la promotion de la production nationale, à travers le rétablissement du crédit à la consommation pour les produits algériens et le renforcement de la régulation et de la surveillance des marchés, et enfin de la mise en œuvre concrète d'un grand nombre de mesures de facilitation liée au Doing Business. Nous sommes loin des 50 propositions formulées par le FCE de l'époque d'Ouyahia et de Rédha Hamiani. Cette rencontre, négociée probablement dans les coulisses, exprime in fine un consensus où chaque partenaire trouve son compte. L'Exécutif afin de gagner du temps pour stabiliser le front social en vue de préparer la succession sans "casses", l'UGTA veut gagner en crédibilité face à un syndicat autonome de plus en plus revendicatif qui élargit son audience ; le patronat cherchant à arracher le maximum d'avantages financiers et fiscaux. Nous sommes toujours dans le statu quo. A. H.