Un Conseil interministériel, tenu jeudi à la base du 24-Février de Sonatrach, prévoit la création d'une nouvelle ville comprenant un aéroport et 15 000 logements pour 80 000 habitants. “Si les habitants de cette ville mesuraient à sa juste valeur le risque auquel cette ville est exposée, ils seraient les premiers à demander de partir vers un autre site.” Ce commentaire est de Nourredine Yazid Zerhouni. Le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales s'exprimait devant la presse au terme de la visite qui l'a conduit, jeudi dernier, dans la ville pétrolière de Hassi-Messaoud, en compagnie de quatre de ses collègues du gouvernement, à leur tête, le responsable du secteur des hydrocarbures, Chakib Khelil, suivi des ministres des Finances, Abdelatif Benachenhou, des Transports, Mohamed Maghlaoui et des Travaux publics, Amar Ghoul. Inscrit dans l'urgence, ce déplacement est intervenu suite au Conseil de l'énergie présidé tout dernièrement par le chef de l'Etat. Les décisions y afférentes sont sans appel. Hassi-Messaoud est une bombe à retardement. Le rapport des experts mis à contribution par le ministère de l'Energie et la Société nationale des hydrocarbures, Sonatrach, définit clairement les risques encourus par les riverains des puits et autres pipelines qui traversent la ville. Ils sont au nombre de quatre : l'explosion, l'incendie, la contamination et la pollution. Avant-hier, la délégation ministérielle, dépêchée par le président de la République sur les lieux, a constaté de visu l'ampleur du péril. Depuis plusieurs décennies, des cités populaires et des bidonvilles ont surgi à la périphérie des zones d'exploitation recelant 1 100 puits. Les experts ont recensé 100 points à risque dont 17 à risques majeurs. “Cette situation est exceptionnelle. Il existe des contrats industriels dangereux”, a encore estimé le ministre de l'Intérieur. Ses appréhensions et celles de ses camarades de l'Exécutif ont fait l'objet d'un Conseil interministériel tenu à la base du 24-Février de Sonatrach. La première mesure prise concerne le gel de toutes les constructions à Hassi-Messaoud. C'est en tout cas l'engagement “ferme” pris par M. Zerhouni devant les représentants des médias. “Il s'agit de maintenir Hassi-Messaoud à son niveau actuel et ne plus permettre son extension, du fait de sa situation de zone à risques”, a-t-il affirmé. D'ores et déjà, des relents de contestation se font entendre dans la ville. Sans conscience du danger auquel ils sont confrontés, les habitants ignorent tout de leur sort. Ces derniers jours, des rumeurs ont circulé sur le probable déplacement de la population. Le mutisme des autorités locales a accentué le désarroi des autochtones, dont les gérants du vaste parc immobilier, très lucratif compte tenu du rush des travailleurs venus du Nord. Se voulant rassurant, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales garantit de son côté qu'il ne s'agit pas à l'heure actuelle de raser la ville, mais de procéder à son réaménagement urbain afin de la prémunir d'un quelconque danger d'explosion. Ensuite, il conviendra aux pouvoirs publics de transférer graduellement ses occupants vers des sites situés à l'extérieur du champ d'exploitation des hydrocarbures. Trois projets portant construction de la nouvelle ville de Hassi-Messaoud sont à l'étude. Des assiettes ont été trouvées dans des périmètres allant de 20 à 60 kilomètres au nord et au sud de l'ancienne cité. Dans un premier temps, ces agglomérations seront pourvues de 15 000 logements destinés à 80 000 habitants. En second plan, les autorités envisagent la création d'une zone industrielle en vue de rassembler les services de soutien à la production des hydrocarbures en dehors du permis d'exploitation de Hassi- Messaoud. Un nouvel aéroport est également en projet. Au nord du pays, dans les Hauts-Plateaux précisément, un projet similaire à celui de Hassi-Messaoud, la fameuse ville de Boughzoul avait suscité un grand engouement, il y a quelques années. Avec le temps, les espoirs se sont aménuisés car la ville n'a jamais vu le jour. À Hassi, c'est différent, les pouvoirs publics ont tout intérêt à tenir leur engagement, car il s'agit d'une question de vie ou de mort. S. L.