Les précurseurs de l'écriture littéraire en langue amazighe ne cessent d'exprimer leur satisfaction de voir enfin leurs productions et celle de la nouvelle génération être prises en charge après tant d'années d'attente. Les recueils de poésie, le roman, le récit, la nouvelle, mais aussi l'élaboration de glossaires et dictionnaires sont enfin pris en charge pour une publication et une large diffusion à travers le grand Aurès. Et pour cause, la nouvelle stratégie du Haut-Commissariat à l'amazighité (HCA) a mis fin à la formule désuète de la gratuité des ouvrages, en collaborant avec de jeunes éditeurs à l'exemple de l'édition Anzar dans les Aurès. Après le travail de bonne facture proposé par Ajroud Bachir (recueil de poésie), mais aussi les œuvres de Ghilles qui sont pris en charge en coédition par le HCA et Anzar, une nouvelle publication vient de voir le jour, Tilelli de l'auteur Smaïl Aggoun (universitaire et ancien enseignant de tamazight). Dans ce recueil, il propose plus d'une trentaine de nouvelles et billets. Si les premières nouvelles sont d'une manière générale puisées du terroir chaoui, les billets sont d'une remarquable fraîcheur et actualité dites en langue maternelle. Au bout de deux ans de recherche et de transcription, "passer de l'oral à l'écrit", l'auteur signale : "Je connais ces histoires depuis ma tendre enfance, ma grand-mère nous racontait ‘le vol du pigeon' (yefferfer udbir) et ‘le mouton et le loup' (uccen d yezmer) ou encore ‘le loup et le cheval' (uccen d ugis). Il faut juste les remettre au goût du jour. Cela permet d'allier la transcription (la graphie) et faire connaître le patrimoine oral aux jeunes génération." Et d'ajouter : "Mais aussi et surtout de créer une banque ou une bibliothèque consacrée exclusivement aux œuvres en tamazight de variante chaouie." L'enfant de Lamsara (wilaya de Khenchela) prépare déjà de nouvelles publications en prenant soin de répondre à une demande bien précise qu'il connaît parfaitement. D'autres auteurs peaufinent leurs travaux pour les soumettre pour une prochaine publication. On peut citer le professeur Tibermassine Fakihani, enseignant universitaire au département de culture amazighe à l'université de Batna, et Salim Guetouchi. Le lancement des cours d'alphabétisation en tamazight ne va pas tarder à voir émerger une nouvelle frange de lecteurs et lectrices, on pense déjà à un journal et une radio sur le web. Les débuts sont toujours difficiles nous dit-on, mais l'abnégation et l'amour pour cette langue sont un tonus pour surmonter toutes les difficultés. R. H.